500 milliards de dollars soulève des espoirs et des doutes, alors que les experts alertent sur l’impact énergétique des centres de données
L’administration Trump a récemment accueilli un événement mettant en lumière The Stargate Project, une initiative colossale visant à construire des centres de données à travers les États-Unis sur une période de quatre ans. Ce projet, d’une valeur estimée à 500 milliards de dollars, promet de transformer l’infrastructure numérique américaine, mais il suscite déjà des réserves, notamment de la part d’Elon Musk, conseiller influent de Donald Trump. Quelques heures après l’annonce, Musk a publié un message cinglant sur la plateforme X (anciennement Twitter) : « Ils n’ont pas réellement l’argent. » Selon lui, un investisseur clé, SoftBank, disposerait de « bien moins de 10 milliards de dollars sécurisés ».
L’initiative arrive à un moment où la demande en électricité des centres de données explose. Selon le Laboratoire National des Énergies Renouvelables (NREL) du Département américain de l’Énergie, ces infrastructures pourraient consommer jusqu’à 9 % de la production électrique annuelle des États-Unis d’ici 2030 si des solutions ne sont pas rapidement adoptées.
Les centres de données, qui utilisent actuellement des systèmes de refroidissement intensifs pour maintenir les équipements informatiques à des températures sûres, sont en grande partie responsables de cette consommation. Les systèmes de refroidissement représenteraient à eux seuls 40 % de la consommation énergétique totale de ces installations. Lors des pics de chaleur, leur demande énergétique peut grimper encore davantage, mettant à rude épreuve le réseau électrique.
Pour répondre à ces défis, le NREL explore l’utilisation des systèmes de stockage d’énergie thermique souterraine (Cold UTES). Cette technologie pourrait réduire les besoins de refroidissement pendant les heures de pointe, diminuer la pression sur le réseau électrique et limiter la nécessité de construire de nouvelles infrastructures énergétiques comme des centrales à gaz.
Le 17 janvier, le NREL a présenté une étude modélisant les coûts et bénéfices des systèmes Cold UTES sur une période de 30 ans. Jeff Winick, directeur de la technologie au Bureau des technologies géothermiques du Département de l’Énergie, a expliqué que cette technologie pourrait offrir une solution de stockage d’énergie longue durée tout en fournissant un refroidissement à l’échelle industrielle.
Contrairement aux batteries au lithium, limitées à quelques heures d’autonomie, les systèmes Cold UTES permettent de stocker de l’énergie renouvelable sur de longues périodes, jusqu’à plusieurs saisons. Le stockage souterrain de l’énergie excédentaire, provenant par exemple de l’éolien ou du solaire, pourrait ainsi être exploité lorsque la demande est élevée.
Une partie des recherches du NREL se concentre sur la transformation des puits de pétrole et de gaz épuisés en réservoirs de stockage thermique. En 2023, un consortium mené par Premier Resource Management (PRM) a été chargé de développer un projet pilote en Californie, dans le comté de Kern. L’objectif est de construire une installation de démonstration de 10 mégawatts, avec une capacité de stockage dépassant 1 000 heures, avant de passer à une échelle commerciale de 400 mégawatts.
Le projet de PRM repose sur l’utilisation de collecteurs solaires paraboliques pour concentrer l’énergie solaire et chauffer un fluide. Ce fluide transfère ensuite la chaleur à l’eau du réservoir, qui est stockée sous terre jusqu’à ce qu’elle soit nécessaire pour produire de l’électricité.
Une autre approche prometteuse est celle de la société Earthbridge Energy, qui développe un système baptisé GeoBattery. Ce procédé utilise des aquifères peu profonds pour stocker de l’eau chaude et froide, permettant de générer de l’électricité grâce aux gradients de température. Ce type de stockage thermique pompé offrirait une efficacité énergétique élevée.
Parallèlement aux innovations terrestres, des entreprises explorent des concepts futuristes, comme l’installation de centres de données en orbite basse. Ces installations pourraient exploiter l’énergie solaire en continu et bénéficier du refroidissement naturel offert par l’espace. Une startup américaine, Flexential, s’est associée à Lonestar Data Holdings Inc. pour développer un projet visant à construire un centre de données sur la Lune. En guise de précurseur, Lonestar prévoit de lancer un centre de données nommé Freedom dans l’espace.
Malgré les promesses de The Stargate Project, le scepticisme demeure. Alors que le président Trump continue de promouvoir cette initiative, des voix critiques, comme celle d’Elon Musk, soulignent le manque de financement sécurisé. En attendant, les solutions innovantes comme le stockage thermique souterrain, les batteries thermiques et les centres de données spatiaux pourraient redéfinir la manière dont nous gérons l’énergie dans un monde de plus en plus connecté.
Si ce projet tient ses promesses, il pourrait non seulement réduire la dépendance aux combustibles fossiles, mais aussi marquer un tournant majeur vers une économie décarbonée. Seul le temps dira si l’audace de ces initiatives sera à la hauteur des défis énergétiques.