Domiciliés à Touba, cinq opérateurs évoluant dans les plateformes numériques de transfert d’argent ont déféré, hier, à une convocation du juge du tribunal correctionnel de Dakar. Ils comparaissaient en qualité de parties civiles dans une affaire les opposant à Mor Guèye Syne, prévenu. Agent à la startup Yup, une filiale de la Sgbs, spécialisée dans la monnaie électronique, l’accusé leur avait vendu un projet fictif.
Les faits se sont déroulés en 2019, alors que Mor Guèye était le responsable du réseau dans la zone. «J’avais pour une première fois versé 100 millions de frs Cfa pour une commission de 10 %. J’ai encore, pour la deuxième campagne, déposé 20 millions sans parler des 3 millions de caution. Il m’a fait un contrat. C’est au total 127 millions. Je devais gagner 10 millions par mois en guise de commission», confie Mame Aminata Ndong. Qui court jusqu’à présent derrière une commission, en plus de ses 127 millions. Son avocat réclame 170 millions de frs Cfa pour tous préjudices causés.
Quant à la deuxième victime, Rama Diop, elle a misé la rondelette somme de 100 millions de frs Cfa. Elle réclame 150 millions. Idem pour Bara Seck qui a remis à Mor Guèye Syne 13 millions. Il veut être remboursé à hauteur de 20 millions.
Le plaignant Abdou Lahad Diouf a versé 70 millions de frs Cfa. «Nous avons rédigé ensemble le contrat. Il avait le cachet de la Sgbs et les insignes de Yup. J’ai reçu une seule commission de 3 millions», fait-il savoir. Le dernier, Thierno Fall, aura perdu dans cette affaire 90 millions. Leur avocat, Me Assane Dioma Ndiaye, réclame pour réparation du préjudice causé 90 millions pour Abdou Lahad Diouf, et 110 millions pour Thierno Fall. La Sgbs et Yup réclament 50 millions. «Il a agi hors de ses attributions. On ne lui a pas envoyé un courrier lui demandant d’initier cette opération. Yup Sénégal est une société anonyme», dit l’avocat Me Cheikh Cissé.
Poursuivi pour «escroquerie, faux et usage de faux dans un document privé», le prévenu explique son acte par «une situation financière difficile».
Il risque deux ans de prison ferme. Le ministère public, qui a requis cette peine, pointe un projet chimérique. «Il a falsifié un document régulier, signé par le directeur général de Yup avec des ratures. Il a usé de ses qualités d’agent de Yup et coordonnateur de l’entreprise pour convaincre ses victimes», constate-t-il. Le verdict sera connu le 23 juin prochain.