« Je m’appelle Cheikh Fall . Je suis africain d’origine sénégalaise et je suis à la tête d’une organisation panafricaine de jeunes acteurs de changements qui utilisent le numérique pour impacter leur communauté et pour favoriser de nouvelle dynamique.
Monsieur le président, je suis de cette jeunesse africaine engagée et ouverte au monde. Je ne suis pas seul. Nous sommes des milliers, des millions à vouloir porter l’Afrique et être les leaders du monde dans un futur proche.
Cette jeunesse est présente. Sa voix est audible. Elle est présente dans cette salle. Cette jeunesse engagée mais responsable. Cette jeunesse contestataire mais réfléchie. Cette jeunesse ouverte et connectée au monde : Paul-Joel Kamtchang du Cameroun, Maurice Thantan du Benin, Amina du Maroc, Adam Dicko du Mali, Adèle du Kenya. Elle est diverse et plurielle et est bien représentée dans cette salle. En venant ici, nous avons pris un grand risque que nous assumons. Certains d’entre nous se font en ce moment insultés et critiqués parce qu’ils ont répondu à votre invitation au dialogue. Ce sentiment anti-français est nourri par des vagues de contestations se justifient pour beaucoup d’entre nous.
• Nos grands-parents nous ont racontés les douleurs et souffrances de la période coloniale.
• Nos parents nous ont fait comprendre ce qu’a été la fameuse France Afrique de l’après indépendance.
• Nous, nos frères et sœurs portons, supportons, subissons encore ce lourd passé commun que vous continuez de refuser de porter et d’assumer.
Aujourd’hui, vous nous interrogez sur ce que devrait être les futurs souhaitables des relations France Afrique.
» L’Afrique n’a pas besoin de parrains pour progresser »
Monsieur le Président, moi j’ai envie de vous interroger d’abord sur votre part d’humain. Quelle est votre part d’humanité dans cette relation ? Vous, votre nation, avez fait du tort aux africains. Vous avez fait verser beaucoup de sang. Vous avez déchiré des familles. Vous avez pillé des économies par le capitalisme colonial et vous continuez de le faire par le néo colonialisme et aujourd’hui vous nous invitez à envisager avec vous un futur souhaitable.
Ce futur commun souhaitable ne peut se construire que si les bourreaux d’hier acceptent leur responsabilité historique et demande symboliquement EXCUSE à cette Afrique.
Ce serait une chimère que de vouloir envisager un futur souhaitable tout en conservant, nourries, les colères, tristesses et frustrations d’hier.
Il est évident que l’Afrique n’a pas besoin de se replier sur elle-même quand le monde s’ouvre. Mais l’Afrique n’a pas besoin de parrains pour progresser.
Certes nous n’avancerons pas au rythme des autres, mais nous avancerons dignement, sur nos valeurs d’abord et sur des principes éthiques de coopération et de partenariat. Nous ne sommes pas des passéistes, nous nous inscrivons dans une logique de se donner de meilleurs outils pour aborder « Un futur ensemble » s’il devait en avoir un et nous pensons que oui.
Vous sentez certainement beaucoup d’émotions dans mon intervention. C’est normal et j’avoue être ému en parlant de ce passé si actuel et de vouloir envisager une relation future. De l’émotion, je ne suis pas certainement le seul à en avoir actuellement. J’espère seulement que vous vous laisseriez aussi gagné par cette émotion pour prendre des mesures fortes aujourd’hui.
Vous nous avez invité pour nous écouter dans le but d’écrire ensemble le futur.
Ecoutez-nous mais surtout entendez notre frustration, nos colères et notre appréciation sur la nature actuelle des relations France Afrique.
Monsieur le président, je vous invite ce soir, ici chez vous, a un exercice d’humilité, de courage politique, de respect et de rendez-vous avec l’histoire.
Demandez pardon a l’Afrique et aux africains.
Arrêtez de renforcer le pouvoir des dictateurs africains.
Arrêtez cette-pseudo coopération paternaliste.
Programmez un dispositif de retrait progressif et défini de vos bases militaires en Afrique.
Mettons ensemble un mécanisme de collaboration franche afin de renforcer les acquis démocratiques.
Mettez en œuvre vos engagements d’Abidjan de 2019 Bisur la reforme du Franc CFA et transférez les réserves de fonds vers l’Afrique. »