Le directeur général de l’exploitant aéroportuaire, AIDB.sa, Doudou Ka, a annoncé, dans un tweet que sa plus grande fierté a été d’avoir entièrement soldé la dette de l’Aéroport International Blaise Diagne. Ledit aéroport, dit-il, devient désormais 100% national. Cette information la moins attendue a suscité d’énormes questionnements des acteurs de la plateforme aéroportuaire et de lapopulation. D’après ces sceptiques, cette fierté entachée installe le doute dans tous les coins et recoins des murs de lamentations.



Le géni du Directeur général de l’Aibd.sa est semble-t-il, sans équivoque. S’il dit vrai, il aurait réussi, une prouesse extraordinaire, méritant une décoration. Le directeur général de l’exploitant aéroportuaire, AIDB.sa, Doudou Ka, a annoncé le paiement de l’intégralité de la dette de l’Aéroport Blaise Diagne. Une belle surprise pour toute une Nation ! Depuis lors, les critiques sortent de tout bord, créant un réel doute sur la possibilité de solderla dette de cet aéroport qui devrait se faire d’ici 2029.

Ainsi, les sceptiques se posent des questions sur le montage financier utilisé pour éponger une dette de 600 millions d’euros, dont le remboursement était prévu d’ici 2029. Et, ils attendent des réponses explicites du DG des AIDB.sa seule personnalité habilitée à donner les détails techniques. Mais, un constat simple indique que ce dernier, interpelé n’a pas daigné donner suite à ces multiples interrogations. D’après le décret 2011-1113 du 05 Aout 2011, établi par le gouvernement du President Abdoulaye Wade qui avait initié et démarré la construction de cet aéroport, la société de droit privé Aéroport International Blaise Diagne a été créée avec le capital social, initialement détenu majoritairement (55 %) par des investisseurs privés ( 45 %).

Pourtant cette prouesse économique qui mérite d’être dupliquée pour l’essor économique du Sénégal suscite des questions. Car en période de crise mondiale, l’aéroport international Dakar Blaise Diagne avait vu son trafic chuter de 52%, de janvier à novembre 2020. La Covid-19 avait négativement impacté ses opérations durant plusieurs mois.
« Jusqu’à la fin novembre 2020, l’aéroport international Dakar Blaise Diagne n’a accueilli que 48% du trafic enregistré l’année dernière ». C’est le constat dressé par le gestionnaire de l’aéroport LAS (Limak-Aibd-Summa) en début décembre, en marge de la célébration du troisième anniversaire de l’infrastructure. Une chute du nombre de passagers due à la pandémie de Covid-19, avec la suspension des vols réguliers sur la plateforme, entre fin mars et mi-juillet (à la réouverture des frontières aériennes).

En début année 2022, une lueur d’espoir avait rejailli avec au premier trimestre, plus de 210 000 passagers enregistré, soit le double du trafic passagers au premier trimestre de 2021 – et, surtout, un chiffre en hausse de 1,89 % par rapport à la même période en 2019. Mais avec la guerre en Ukraine, un autre impact qui pesait lourd est survenu :
« Pour des raisons d’indisponibilité de carburant aviation (kérosène) » à l’aéroport international Blaise-Diagne (AIBD) de Dakar, les opérations d’avitaillement des aéronefs ne pourront plus se poursuivre à compter du mercredi 20 avril 2022 à 12 heures, et ce, pour une durée provisoire de deux semaines ».
C’était le message, daté du 15 avril du directeur général de la Société de manutention de carburants aviation (SMCADY) prévenait le directeur général de l’AIBD de la pénurie à venir quelques jours plus tard.Après quelques d’incertitudes, les choses sont revenues à la normale, Mais combien l’AIDB a-t-elle perdu durant cette période ?

Sur le plan de son fonctionnement interne aussi, même si des paralysies n’ont pas été enregistrées, des remous ont été notés, avec des syndicats et intersyndicats qui dénoncent souvent des gestions « nébuleuses ».
Mais pour revenir à la bonne nouvelle qui annonce le solde des dettes d’environ 600 millions d’euros avant échéance en 2029, des questions pour éclairer la lanterne des Sénégalais se posent.

Au moment au le Sénégal lève très souvent des fonds ou émissions obligataires –donc de nouvelles dettes- pour financer des projets ou d’autres activités, quel est le montage financier utilisé pour éponger la dette de l’AIDB « sans frais »?

Même si les tarifs de l’autoroute à péage ont été revus à la baisse, la durée de son exploitation vont après renégociations jusqu’en 2044, comment le DG de l’AIDB a réussi à éponger ses dette avant même l’échéance malgré toutes ces crises économiques en cours ?

Pour financer le projet, la redevance de développement des infrastructures aéroportuaires (RDIA) a été instituée depuis le 28 février 2005. La RDIA est prélevée sur les passagers qui utilisent les aérodromes, ouverts au public au Sénégal. Cette redevance finance exclusivement la conception, la construction, la maintenance et le développement du nouvel aéroport.Elle doit rester en vigueur pendant la période de remboursement des financements, prévue pour les infrastructures susvisées. D’après certainesinterventions de spécialistes à l’anonymat, cette RDIA avec la Covid19 et les crises économiques mondiales en cours ne peuvent être avant 2029, unfacteur de solde de la dette des 600 millions d’Euros.

Suivant ce même contexte, une autre question se pose. Même, si la dette a été soldée, qu’en est-il des détails du contrat de la concession de l’AIBD qui reste toujours un flou pour le grand public ? Idem, qu’est-ce qu’il en sera avec les termes de la concession entre l’Etat du Sénégal et les turcs ? Et des éclairages sur ces chiffres sont exigés entre 2000 milliards du temps de Abdoulaye Wade et les 750 milliards pour le gouvernement de Macky Sall.

Tout compte fait, si l’aéroport a épongé ses dettes et,est devenu entièrement, une société 100% nationale, un ouf de soulagement devrait être senti par le personnel qui affiche depuis son ouverture à nos jours, d’incessantes revendications. Est-il possible d’observer une nouvelle politique économique, structurelle et une suppression de la RDIA ? Sachant que LAS est un exploitant aéroportuaire, détenu par les Turcs, après la solde de la dette, pourrait-on, avoir un seul exploitant aéroportuaire, exclusif à l’AIDB comme dans les grandes Nations de l’aviation civile ?

Et, concernant la gestion du Handling, la société 2AS sera-t-elle, dissoute au profit de la compagnie nationale Air Sénégal.sa comme pour Turkish AIRLINES, Royal Air Maroc, Ethiopian Airlines entre autres. Puisque, constate-t-on, dans certains grands pays, leur compagnie nationale gère le Handling. Autant de questions auxquelles, les acteurs aéroportuaires et simplement des citoyens, épris de justice, de valeurs et de transparence dans la gestion des affaires publiques attendent des réponses concrètes de la direction de l’Aibd.Sa.
Face à ces questions, Doudou Ka, directeur de l’AIDB s’est prononcé seulement sur la question concernant la stratégie financière adoptée pour solder cette dette qui était prévue pour 2029.
«Le gouvernement du sénégal avait signé un contrat avec différents bailleurs de fonds pour restructurer l’actuel aéroport international Blaise Diagne et il l’avait basé sur un modèle économique, avec une estimation du trafic. Depuis lors, l’aéroport par sa stratégie de génération de trafic et de développement de hub aérien à booster les trafics en terme de flux passagers, les estimations initiales ont été largement dépassées. Ce qui a permis, de rembourser plus de 100 millions d’euros sur les cash-flow que AIDB a généré au niveau de la hausse de trafics. A la fin de la Covid-19, le trafic est devenu beaucoup plus fort,grâce à une stratégie financière du ministère des finances nous a permis a relevé le défis.» Affirme -t-il. Zaynab SANGARÈ