Dans un cadre qui reflète l’engagement du Sénégal envers la formalisation de son économie informelle, un atelier international a récemment eu lieu pour explorer les régimes simplifiés de formalisation des entreprises. Cet événement, organisé dans le cadre du projet ADIJEFE (Amélioration du dispositif d’insertion des femmes et hommes et la formalisation des entreprises au Sénégal), visait à trouver des solutions concrètes pour améliorer les conditions de travail des micro-entrepreneurs et favoriser un environnement économique plus équitable. L’atelier, soutenu par l’Agence italienne pour la coopération au développement (AICS) et mis en œuvre par l’Organisation internationale du travail (OIT), a rassemblé des experts venus de divers horizons pour partager leurs expériences et définir des pistes d’action.
Le constat est clair : près de 97% des entreprises au Sénégal évoluent dans le secteur informel. Cette situation rend la vie difficile pour de nombreux travailleurs, qui se retrouvent sans couverture sociale, avec des conditions de travail précaires et des perspectives limitées. L’atelier a mis en lumière une initiative clé du projet ADIJEFE : le statut de l’entreprenant. Ce statut, qui simplifie les démarches administratives et fiscales des travailleurs indépendants, vise à offrir un cadre légal leur permettant d’accéder à des conditions de travail plus sûres, à des protections sociales et à une meilleure reconnaissance dans l’économie formelle.
Pendant deux jours, des experts venus du Bénin, du Maroc, de la Côte d’Ivoire, du Cap-Vert et de la Suisse ont partagé leurs expériences de régimes simplifiés de formalisation. Ces échanges ont permis de mettre en lumière des approches efficaces et de souligner l’importance de rendre ce processus accessible à tous. Les discussions ont révélé qu’une formalisation réussie ne se limite pas à des bénéfices économiques, mais qu’elle doit aussi être un vecteur de justice sociale. Il est essentiel que ce changement profite particulièrement aux groupes les plus vulnérables, comme les femmes, les jeunes ou les travailleurs sans statut.
L’atelier a également permis d’évoquer la nécessité de trouver des solutions adaptées pour que le Sénégal puisse réussir sa transition vers une économie formelle plus inclusive. Le statut de l’entreprenant simplifie les démarches et permet aux micro-entrepreneurs de bénéficier de droits sociaux comme la couverture santé, la retraite et un accès facilité aux financements. Cette démarche constitue un levier important pour sortir de la précarité, offrant à des milliers de travailleurs une chance réelle d’améliorer leurs conditions de vie et de travail.
À l’issue des échanges, plusieurs recommandations ont été formulées pour rendre la mise en œuvre du statut de l’entreprenant encore plus efficace. Parmi celles-ci :
1. Mettre en place un cadre juridique et fiscal protecteur : En créant un environnement transparent et sécurisé, le statut de l’entreprenant pourrait permettre de protéger les travailleurs indépendants et de garantir leur accès aux droits sociaux essentiels.
2. Renforcer les incitations à la formalisation : Pour encourager les micro-entrepreneurs à rejoindre le secteur formel, il est essentiel de mettre en place des mesures incitatives, telles que des exonérations fiscales ou des subventions.
3. Promouvoir une gouvernance inclusive : Garantir une représentation équitable de tous les acteurs du secteur, y compris les femmes, les jeunes et les groupes vulnérables, permettrait de favoriser une participation égalitaire à l’économie formelle.
4. Sensibiliser sur la justice sociale : Des campagnes de communication ciblées devraient être lancées pour informer les micro-entrepreneurs des avantages de la formalisation, non seulement pour leurs affaires, mais pour la société dans son ensemble.
À la fin de l’atelier, une feuille de route a été adoptée, incluant des actions concrètes pour assurer le succès du statut de l’entreprenant au Sénégal. Cela comprend la finalisation des textes législatifs, le lancement d’un programme pilote dans le secteur de l’artisanat et des campagnes de sensibilisation pour encourager l’adhésion au statut. Ces mesures visent à réduire les inégalités sociales et économiques et à garantir que tous les travailleurs, en particulier ceux issus du secteur informel, puissent bénéficier de droits et de protections sociaux.
Cet atelier a marqué un tournant important dans le processus de formalisation de l’économie sénégalaise. En simplifiant l’accès à la formalisation et en garantissant des protections sociales, le projet ADIJEFE offre à des milliers de travailleurs la possibilité de sortir de la précarité et d’améliorer leurs conditions de vie. Le Sénégal s’engage ainsi vers un avenir plus inclusif, où le travail décent et la justice sociale seront les moteurs du développement économique.