La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a rendu public son rapport de décembre 2022 sur la politique monétaire dans l’Umoa (Union monétaire ouest africaine). Comme dans les autres Etats de l’Union (Burkina, Mali, Guinée…), le document revoit à la baisse la croissance économique du Sénégal (-0,2% du Pib).
A l’instar des autres pays, la dynamique de reprise post-Covid de l’économie sénégalaise s’est heurtée en 2022 à plusieurs difficultés, notamment l’accentuation des fortes pressions inflationnistes, la résurgence des tensions géopolitiques (crise ukrainienne), le resserrement des politiques monétaires de la plupart des banques centrales et à la persistance des contraintes sur l’offre. Selon les dernières projections, publiées par le Fonds monétaire international (Fmi) en octobre 2022, la croissance économique mondiale serait en ralentissement en passant de 6,1% en 2021 à 3,2% en 2022 et à 2,7% en 2023.
Une dynamique baissière qui n’épargne pas le Sénégal. Ainsi, dans son rapport de décembre 2022 sur la politique monétaire dans l’Umoa (Union monétaire ouest africaine), la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a revu à la baisse les prévisions de la croissance économique du Sénégal. En termes réels, la Bceao souligne que le taux de croissance du Produit intérieur brut (Pib) est passé de 5% en septembre 2022 à 4,8% en octobre 2022, soit une baisse de 0,2%. «Comparativement aux prévisions communiquées en septembre 2022, les perspectives de croissance de l’Uemoa (Union économique monétaire ouest africaine) ont été globalement réduites de 0,1% pour 2022, en lien principalement avec la révision à la baisse des performances attendues au Burkina Faso (-1,8%) et au Sénégal (-0,2%). Parallèlement, les projections dans les autres Etats membres pour 2022 ont été réévaluées à la hausse», précise le rapport. Non sans faire savoir qu’au Sénégal, la croissance économique a été revue à la baisse de 0,2%, pour tenir compte notamment de la contre-performance des productions extractives (-3,1% contre +7,4% initialement prévu) et manufacturières (+0,5% contre +4,0% initialement indiqué). Au Burkina Faso, le taux de croissance du Pib de 2022 a été revu également à la baisse de 1,8% par rapport aux estimations communiquées au mois de septembre 2022, en raison notamment des performances moins importantes que prévues des activités des industries extractives (- 6,7%, contre +1,9% initialement projeté). «Cette révision s’explique par la baisse de la production d’or consécutive, d’une part, à l’arrêt de la production de certaines mines et, d’autre part, au report de l’entrée en production de plusieurs autres mines», explique la Bceao. En revanche, pour la Côte d’Ivoire, la Bceao indique que le Pib augmenterait de 6,8%, soit 0,2% de plus que prévu en septembre dernier, en raison principalement de la hausse plus forte qu’attendue de la production des industries agro-alimentaires (+9,6% contre +4,8% prévue en septembre 2022) et de l’activité dans le sous-secteur des travaux de construction (+20,2% contre +14,2% précédemment). Cependant, pour l’année 2023, les projections de la Bceao tablent sur une augmentation de 6,6% du Pib de l’Union, en termes réels. L’activité économique serait portée par les secteurs tertiaire et secondaire dont les contributions se chiffraient respectivement à 3,3% et 2,2%.
L’accroissement des productions extractives et manufacturières, consécutif notamment au démarrage vers la fin de l’année 2023 de la production pétrolière et gazière au Sénégal, ainsi que la mise en production du champ pétrolier et gazier dénommé, «Baleine CI 101», en Côte d’Ivoire, devrait soutenir la dynamique du secteur secondaire.
Au plan budgétaire, la Bceao fait comprendre qu’après un creusement du déficit budgétaire en 2022, il est attendu de la part des Etats, à partir de 2023, une consolidation soutenue notamment par l’accélération des réformes des administrations fiscales et douanières ainsi que la rationalisation des dépenses publiques, à travers la maîtrise des charges courantes. «En effet, révèle le rapport, le déficit budgétaire rapporté au Pib, ressortirait à 5,9% en 2022 avant de baisser progressivement à 4,1% en 2023, puis à 3,0% en 2024». L’Obs.