Au moment où le Président Sall menace de révocation les maires qui recrutent des agents, en violation des règles du Code des collectivités, les affaires Prodac, Poste finances et de nombreux scandales, débusqués par les corps de contrôle, sont restés sans suite.
Pendant que le Président Sall menace de sanctionner les maires qui procèdent à des recrutements, en violation des règles du Code des collectivités, des affaires graves, qui ont trait à des cas de détournement de deniers publics ne sont toujours pas éludés. On peut citer l’affaire Prodac, éventée par l’inspection financière du ministère des Finances, pour des milliards détournés. Si ce scandale a été débusqué, il n’a donné lieu à aucune poursuite.
Mieux, les personnes qui devraient être appelées à élucider cette affaire, ont été nommées à d’autres postes. Il y a également la récente affaire poste- finance qui va finir par un « enterrement de première classe ». Si pour La Poste, le Président Sall a révélé une dette de 189 milliards qu’elle doit à l’État, il devrait surtout s’intéresser aux actes qui ont conduit cette entreprise dans le gouffre.
Comment La Poste en est-elle arrivée à cette situation ? Qui sont ceux et celles qui ont grappillé l’argent public de cette société nationale ? Ce sont là des questions qui devraient interpeller le Président Sall, qui doit peser de son autorité pour que les prédateurs de La Poste soient sanctionnés
Scandales Sur Scandales
Avant ces scandales, l’Inspection générale d’État, qui a fait un rapport sur la caisse d’avance de la mairie de Dakar, ayant abouti à l’inculpation du maire Khalifa Sall et Cie, avait aussi épinglé des collectivités locales et des administrations. Mais les rapports qui les sous-tendent sont toujours en dormance dans les tiroirs de la présidence.
Pour rappel, la transmission du rapport de l’Inspection générale d’État sur les collectivités locales qui ont valu au maire de Dakar et à certains de ses collaborateurs d’être traduits devant la justice, a été suivie de la transmission d’autres rapports.
En tout cas, si l’on ne veut pas donner l’impression que les rapports des corps de contrôle sont exploités à des fins de règlements de compte politiques, il faut penser au sort de tous ceux qui ont été transmis, mais qui n’ont pas encore connu de suite.
La Centif qui lutte contre le blanchiment d’argent, a aussi transmis des dossiers à la justice. Mais en suivant l’état des actes de procédures judiciaires des dossiers qu’elle a transmis, la Centif s’est rendue compte que beaucoup d’entre eux n’ont pas connu de suite.
Le mystère qui entoure les raisons de cette inertie avait poussé la Centif à noter, dans un de ses rapports, qu’elle attend de la justice les informations sans lesquelles elle ne pourra pas émettre les observations sur les dossiers en question
Des Rapports Dans Les Tiroirs
Si le Sénégal ne veut pas être rangé dans le lot des pays qui traînent les pieds dans la lutte contre la criminalité financière, il devrait s’éviter de telles lenteurs. Si pour la caisse d’avance de la mairie de Dakar, le Président Macky Sall a insisté pour que la destination des fonds concernés connaisse un éclaircissement, il devrait pouvoir en faire de même pour que les sommes faramineuses concernées par l’affaire Prodac, Poste-finances, les scandales notés dans les différents rapports des corps de contrôle, le soient aussi.
Des Scandales À Ne Pas Taire
En fait, c’est avec la Centif, sur la base de l’exécution de décisions rendues par le Tribunal régional de Dakar, que le recouvrement de plusieurs millions a été effectif. Cet argent a été versé dans le compte du Trésor ouvert à la Bceao. Un autre recouvrement, sur la base de ces mêmes décisions, a permis la mutation au nom de l’État, de terrains situés à Dakar dont la confiscation a été ordonnée par le juge.
La Centif fait souvent état de plusieurs cas de blanchiments d’argent, mais qui ne sont toujours pas élucidés. Pour que le slogan de la gestion « sobre et vertueuse » des deniers publics ne soit pas considéré comme du bluff ou agité à des fins populistes, le Président Sall doit encourager l’exploitation de rapports comme celui de la Cour des comptes du temps de Mamadou Hady Sarr, qui avait épinglé la Caisse de dépôts et de consignations, l’Ipres…
On n’oubliera pas le rapport 2014- 2015 de l’Ofnac, qui a valu à sa présidente, Nafi Ngom Kéïta, son poste, et dans lequel il est révélé l’existence d’une véritable mafia financière au niveau de certains démembrements de l’État.
À part le Port de Dakar, la Pharmacie nationale d’approvisionnements et une société qui n’a pas été citée dans le rapport, tous les autres dossiers traités par l’Ofnac sous Nafi Ngom Kéïta ont décelé des faits qui peuvent donner lieu à des poursuites. En tout cas si, contre la dilapidation des ressources et le blanchiment de capitaux le Sénégal a une réelle volonté de lutte, il est dans son intérêt à ce que tous les rapports des corps de contrôle soient diligentés