Alors que le verdict du procès de la tuerie de Boffa Bayottes est mis en délibéré pour le 13 juin prochain, les prolongations se jouent ailleurs. L’un des témoins cités par l’accusé Abdou Karim Sagna technicien agricole de son état, subi de sérieuses pressions pour revenir sur son témoignage. A maintes reprises, il est convoqué à la gendarmerie sur les ordres du Procureur de la République.
Selon des proches du sieur El Hadji Diouldé Diémé directeur d’un centre de formation agricole, « depuis son témoignage en faveur de l’un des accusés de l’affaire Boffa Bayotte, notre frère vit des moments terribles entre pressions et menaces ». Et Malaïny Badji de nous renseigner, « le mardi 5 avril, Elhadji Diouldé Diémé a été convoqué par les Chambres Criminelles pour témoigner dans l’affaire Boffa ».
Pour Malaïny Badji, les difficultés ont commencé depuis ce jour. « 3 jours à peine après son témoignage, Diouldé est convoqué à la gendarmerie et j’ai tenu à l’accompagner. De manière professionnelle, il lui a été demandé s’il confirmait que les 5 et 6 janvier 2018, l’accusé Abdou Karim Sagna, prestataire agricole, était bien présent au centre. Ce à quoi il a répondu par l’affirmative ».
Mais, poursuit notre source, « El Hadji Diouldé a été convoqué par le Procureur de la République en personne le11 avril et depuis cette date, il n’est plus à l’aise comme s’il avait revu des menaces. Même s’il refuse de livrer le contenu de son face à face avec le Procureur, nous pensons que Diouldé a reçu des menaces et pressions pour revenir sur son témoignage ».
Des propos confirmés par une source au sein de la gendarmerie de Boudody « Oui, M. Diouldé Diémé a bien été convoqué à deux reprises dans nos locaux sur ordre du Procureur mais je ne saurais fournir plus de détails sur les tenants et aboutissants de ces auditions ».
Alors que l’on pensait l’affaire définitivement close, la gendarmerie convoque à nouveau Diouldé Diémé le jeudi 14 avril. Et cette fois-ci, c’était pour lui faire dire si à la date du 6 janvier 2018, Abdou Karim Sagna était présent au centre toute la matinée. Il a répondu qu’il l’a trouvé à son arrivée et qu’à son départ pour le bureau plus tard, après 10 heures, il devrait y être encore ». Et « nous avons informé notre avocat et tenons à informer l’opinion publique de tout ce qui pourrait arriver à notre frère El Hadji Diouldé Diémé qui n’a fait que dire la vérité », a conclu Malaïny Badji.
Pour rappel, après 3 semaines de marathon, le procès de la tuerie de Boffa-Bayotte devant la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Ziguinchor a pris fin vendredi 08 avril 2022, tard dans la nuit. Les accusés et leurs parents, tout comme ceux des victimes doivent prendre leur mal en patience, jusqu’au 13 juin prochain, date du verdict.
À noter que la réclusion criminelle à perpétuité a été requis contre René Capin Bassène, Omar Ampoi Bodian, le chef rebelle César Atoute Badiate (jugé par contumace) et dix autres accusés par l’avocat général qui a eu la main lourde contre les prévenus dans ladite affaire. De son coté, la défense qui a tenté de démonter les éléments du maître des poursuites a requis la relaxe pure et simple des prévenus.