A moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle de février 2024, un mystère total entoure le profil des candidats à cette élection. En effet, pour avoir imposé à ses partisans un silence total sur la question de son « 3ème mandat » et maintenu l’épée Damoclès de la Justice sur la tête de certains de ses opposants, l’actuel chef de l’Etat semble aujourd’hui, être le seul maitre de l’agenda de ces élections. Sud Quotidien



nt, le Sénégal vit une situation politique très singulière. En effet, à moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle de février 2024, un mystère total entoure le profil des candidats à cette élection. Que ce soit dans le camp du pouvoir en place ou de l’opposition, on ne sait véritablement pas qui sera en lice pour la succession de l’actuel chef de l’Etat.

Aujourd’hui, il est difficile pour un citoyen lambda de se faire une idée claire sur les potentiels candidats à cette prochaine élection présidentielle qui s’annonce cruciale. Tellement, le président Macky Sall a brouillé les pistes. Cette situation rompt avec les traditionnelles déclarations de candidatures à la présidentielle qui se faisaient le plus souvent dans le courant des deux ou les trois années précédant celle de l’échéance.

Le camp présidentiel grippé par la phobie de la question sur le mandat

Alors que l’intention affirmée de l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall et de ses compagnons dans Benno bokk Yakaar est de conserver le pouvoir jusqu’à l’horizon 2035, il est cependant très difficile de dire qui sera le prochain porte-étendard du camp du pouvoir lors de la prochaine présidentielle. Et pour cause, le président de la République, Macky Sall, par ailleurs président de la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby) et de la Grande coalition de la majorité présidentielle a réussi à imposer un silence total sur la question de sa succession.

Aujourd’hui, pour beaucoup de ses compagnons : camarades de parti à l’Alliance pour la République (Apr) et ses alliés dans Bby, la question de fin de mandat et de sa succession est comme une sorte de sujet tabou voire une malédiction sur toute personne qui oserait l’évoquer publiquement.

Résultat, personne n’ose afficher ses ambitions de peur de rallonger la liste des personnes qui ont subi la foudre du chef de l’Etat après avoir osé donner librement leur avis sur cette question. Très souvent cités parmi des potentiels successeurs, l’ancien Premier ministre, Aminata Touré, l’ex-ministre de l’Intérieur, Aly Ngouye Ndiaye ou encore l’ancien argentier de l’Etat, Amadou Ba ont tous adopté le profil bas pour ne pas fâcher le chef. Même constat chez les alliés qui, du reste, sont d’ailleurs très affaiblis par leur compagnonnage avec le patron de l’Apr.

Le Parti socialiste de la présidente du Haut conseil des collectivités territoriales, Mme Aminata Mbengue Ndiaye, l’Alliance des forces de progrès du président de l’Assemblée nationale (Afp), Moustapha Niasse, la Ligue démocratique du député Nicolas Ndiaye ou encore le Pit du ministre Samba Sy ne sont aujourd’hui que l’ombre d’eux-mêmes sans un véritable leader présidentialiste capable de faire rêver les Sénégalais.

Aujourd’hui, aucun de ces principaux partis alliés du président dans Bby n’a plus la force politique qu’il avait en 2012 au moment de la création de cette coalition qui a porté Macky Sall au pouvoir à l’issue du second tour de la présidentielle de cette année-là.

Ce qui reste du Parti socialiste après le départ de Khalifa Ababacar Sall et compagnie en 2017 est déchiré entre pro Aminata Mbengue Ndiaye et Serigne Mbaye Thiam qui mènent un véritable combat sous-marin pour le contrôle de cette formation créée par feu le poète président, Léopold Sédar Senghor.

S’agissant de Rewmi, le surprenant revirement de son leader Idrissa Seck au lendemain de la présidentielle de 2019 pour intégrer la mouvance présidentielle dans le cadre de l’ironique alliance « Mbourou ak sow » (pain et lait caillé) semble aujourd’hui déclencher la fin de la carrière politique de l’ancien maire de Thiès qui a perdu les dernières élections locales dans cette ville longtemps considérée comme sa base affective indiscutable. Il faut dire que cette situation est d’autant plus inquiétante que le président Macky Sall est pratiquement à un an et dix mois de la fin de son deuxième et dernier mandat. Car, beaucoup s’interrogent sur la finalité de cette stratégie du président Sall qui ne semble pas prêt à désigner un successeur

Opposition totalement dans l’expectative

L’absence de lisibilité sur les potentiels candidats à la succession de l’actuel chef de l’Etat n’est toutefois pas l’apanage de la majorité actuelle au pouvoir. En effet, l’opposition semble elle-aussi soumise au rythme dicté par le président Sall. La preuve, un flou total entoure la participation de certains de ses potentiels successeurs dans les rangs de l’opposition dont notamment Khalifa Ababacar Sall et Karim Wade en attente d’une hypothèque loi d’amnistie.

Aujourd’hui, qu’on le dise ou pas, seul le chef de l’Etat peut décider de la participation ou non de ces deux responsables de l’opposition à la prochaine présidentielle. Il en est également pour l’actuel député maire de la ville de Ziguinchor, Ousmane Sonko, qui est aussi dans l’attente de son procès.

En effet, accusé de « viols répétés et menaces de mort » avec arme à feu par la jeune femme Adji Sarr, le leader du parti politique Pastef n’est véritablement pas dans une meilleure position.

Et pour cause, si on s’en tient aux derniers développements concernant cette affaire d’accusation de viol (interview avec des médias français et déclarations fuitées de son audition par le doyen des juges), on a l’impression que Adji Sarr qui a clamé son impatience de faire avec le leader de Pastef le jour de leur procès, semble être dans une dynamique de porter un énorme coup à la réputation d’Ousmane Sonko à travers des récits dignes d’un scénario de film pornographique.
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