Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau menacé de bloquer l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Otan, moins de quarante-huit heures après l’accord entre les trois pays.
Le président turc a posé ses conditions. Recep Tayyip Erdogan a de nouveau menacé de bloquer l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Otan, jeudi 30 juin au soir, moins de 48 heures après l’accord entre les trois pays. S’exprimant pour la première fois depuis cette signature surprise, en clôture du sommet de l’Alliance atlantique, à Madrid, il a sommé les deux pays nordiques de « prendre leur part » dans la lutte contre le terrorisme, sous peine d’enterrer le mémorandum signé mardi soir. Depuis mi-mai, Ankara bloque le processus d’élargissement aux deux pays en les accusant de protéger des combattants kurdes du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Unités de protection du peuple (YPG), qu’il classe parmi les mouvements terroristes. Mais mardi soir, les gouvernements turcs, suédois et finlandais ont signé un mémorandum d’accord ouvrant l’accès des deux nations nordiques à l’Alliance atlantique.
S’ils remplissent leur devoir, nous soumettrons (le mémorandum) au parlement » en vue de son adoption. « S’ils ne le font pas, il est hors de question pour nous de l’envoyer au parlement… », a-t-il prévenu. Un haut diplomate turc à Washington a assuré que le processus d’adoption pourrait intervenir au plus tôt fin septembre et pourrait attendre jusqu’en 2023, le Parlement entrant en vacances à partir de vendredi. Recep Tayyip Erdogan a évoqué une « promesse faite par la Suède » concernant l’extradition de « 73 terroristes ». « Ils les renverront, ils l’ont promis. Cela figure dans des documents écrits. Ils tiendront leur promesse », a-t-il ajouté sans plus de détail.
Stockholm a réagi jeudi soir en rappelant que ses décisions en matière d’extradition étaient soumises à une justice « indépendante ». « Des personnes non-suédoises peuvent être extradées à la demande d’autres pays, mais seulement si c’est compatible avec la loi suédoise et la Convention européenne sur les extraditions », a insisté le ministre de la Justice dans une déclaration écrite.
Ankara réclame depuis plusieurs années l’extradition de militants kurdes ou proches du mouvement guléniste exilés en Suède. Le chef de l’État turc a également appelé la Finlande et la Suède à « compléter leurs lois » concernant la présence sur leur sol de membres du PKK et des YPG, qui opèrent aux frontières de la Turquie dans le nord de l’Irak et de la Syrie. « Ce qui importe, c’est que les promesses données à la Turquie soient tenues », a-t-il insisté. Dans les couloirs du sommet de l’Otan, une source diplomatique européenne n’a pas hésité à parler de « chantage » à propos du chef de l’État turc qui a, d’autorité, jeudi, occupé la scène de la plus grande salle de presse du sommet, succédant au chef de la Maison Blanche, Joe Biden.