Au total, 200 familles risquent de se retrouver dans la rue à partir du 15 mai prochain si elles ne trouvent pas un logement d’ici cette date fatidique. Elles ont été sommées de quitter les maisons inachevées et non attribuées qu’elles occupent depuis près de dix ans pour certaines et moins pour d’autres.



Ces logements, dans lesquels des pères et mères de famille habitent, seront donnés à des personnes victimes d’inondations et relogées à Jaxaay et Tawfex et qui voudraient bénéficier d’autres maisons. C’est du moins ce que soutiennent nos malheureux interlocuteurs.

Il y a presque neuf ans que la dame Sokhna Fatou Diop habite dans une villa inachevée de l’unité 21 des Parcelles Assainies de Jaxaay, dans le département de Keur Massar. A l’époque, elle avait des problèmes pour payer la location de la maison où elle habitait avec sa famille.

A l’origine de ses problèmes, l’hospitalisation de son fils qui devait subir une opération coûteuse. N’ayant pas les moyens, après avoir réglé les frais d’hospitalisation, de payer le loyer, le bailleur lui demande de quitter pour cause d’arriérés. Après avoir reçu cette sommation, elle s’est mise à la recherche d’un toit.

« Partout où j’allais, on me demandait deux ou trois mois d’avance, une somme que je n’avais pas », se rappelle la femme de ménage. Et à force de chercher, elle tombe sur une maison en construction et non attribuée qui servait à la fois de dépotoir d’ordures et de repaire de malfrats. Elle souligne avoir mis 15 jours à enlever les ordures. C’est ainsi qu’elle a occupé la maison avec sa famille.

D’autres la suivront et en feront de même dans les maisons voisines si bien qu’à la fin tout le quartier a été occupé par des gens de même condition que la dame Sokhna Fatou Diop. C’étaient tous des squatteurs.

« J’ai ensuite mis des rideaux, des portes et des fenêtres pour être plus à l’aise. Quelques mois après, mon fils, qui était hospitalisé, a recouvré la santé », poursuit la dame. Dans cette cité que l’on pourrait comparer à un camp de réfugiés, en fait un gigantesque squatt, 200 familles logent depuis presque dix ans, une partie grâce à la dame Sokkhna Fatou Diop.

En effet, après s’être installée, elle décide de regrouper les différents occupants pour faire des démarches dans le but de devenir propriétaires de ces maisons qui appartiennent à l’Etat. On aura deviné que notre interlocutrice accepte qu’elle et les autres familles occupent illégalement ces maisons dont elles sont sur le point d’être expulsées.

« Des victimes des inondations déjà relogées veulent bénéficier encore d’une deuxième maison »

C’est ainsi qu’ils sont allés voir les différentes autorités administratives comme le sous-préfet de Jakhaay et le gouverneur de la région de Dakar. « Nous avons adressé plusieurs correspondances aux autorités, même le chef de l’Etat en a reçu quelques unes, mais jusqu’à présent, nous n’avons pas reçu de réponses de leur part», s’inquiète Sokhna Fatou Diop interrogée par téléphone.

Ces démarches n’ayant pas abouti, ces mères et pères de famille doivent faire face à un autre problème. Il y a quelques semaines, elles ont reçu des sommations leur demandant à quitter les habitations qu’elles occupent d’ici le 15 mai. Selon elle, la raison officielle invoquée est que les maisons doivent être octroyées à des ayant droits victimes d’inondations.

Seulement voilà, d’après notre interlocutrice, cette justification serait fausse. Car, les familles victimes d’inondations ont tous été relogées à Jaxaay et, par la suite, à Tawfex. Ce qui fait que les maisons qu’elles occupent n’avaient plus de preneurs. C’est pourquoi elles seraient restées jusque-là non attribuées.

« C’est quand les familles victimes des inondations ont su que ces maisons étaient construites pour recaser certaines d’entre elles qu’elles se sont concertées et sont allées voir des autorités afin qu’on leur octroie chacune une deuxième maison », soutient la dame.

Ce qui la conforte dans cette thèse, c’est une découverte faite concernant les papiers de ces logements inachevés et non attribués. Selon la dame, le gouverneur, après vérification, les a informés que certaines maisons étaient déjà vendues, d’autres en location moyennant des sommes comprises entre 50 000 et 75 000 francs CFA le mois.
Certaines personnes, bien que sachant que ces maisons squattées n’ont pas été attribuées, sont allées trouver des papiers et les ont mises en vente. Une rocambolesque affaire qui mérite d’être élucidée au plus vite par les autorités.
Le Témoin