Le Conseil constitutionnel a publié, ce lundi, la liste provisoire des candidats à la présidentielle. mandataire du candidat de Benno Bok Yakaar, Mimi Touré donne son avis sur la liste et sur l’absence de Karim Wade et de Khalifa Sall de la liste. Et donne aussi sur certains points saillants de l’actualité.
Quel est votre avis sur la liste provisoire de candidats à la présidentielle rendue publique par le Conseil Constitutionnel ?
Le Conseil Constitutionnel a publié la liste provisoire des candidats à l’élection présidentielle du 24 février prochain. Je prends acte de la décision du conseil constitutionnel basée sur le Droit. Ses membres sont non partisans et n’appartiennent ni à la majorité ni à l’opposition. Ils sont là pour dire le Droit. C’est une leçon pour tous les prétendants à la magistrature suprême, leçon de maintenant et de demain.
Mais les partisans de Khalifa Sall et de Karim Wade fustigent l’absence de leurs candidats dans celle liste…
La meilleure manière de se mettre à l’abri de ce genre de problème c’est de gérer de manière transparente quand on est investi de la mission de gérer l’argent public. Les cas récents du Brésil, de la Corée et même certains cas en France nous le rappellent.
Que pensez-vous du Boycott de la présidentielle que semble prôner Ousmane Sonko ?
Toutes les conditions pour aller à une élection présidentielle normale sont réunies. Le parrainage des sénégalais a rationalisé la liste des prétendants afin que l’on puisse voter dans des conditions acceptables. Certains candidats n’ont pas pu avoir 53.000 parrains sur un total de plus de 6,6 millions électeurs. Il faut se souvenir que sur les 47 listes des élections législatives de 2017 seules 5 listes ont eu des députés par le quotient normal de 60.000 électeurs. Les 5 autres listes ont pu obtenir chacune un député que grâce au principe du plus fort reste. Par exemple, l’ancien Premier ministre Abdou Mbaye qui n’a eu que 7000 vois aux législatives évidemment ne pouvait espérer avoir 53.000 parrainages. Donc, il y’a bien une logique dans tout cela. Les invalidés devront continuer à travailler pour se faire connaître des sénégalais. Ceci étant dit, la participation à l’élection présidentielle relève du choix personnel des candidats. A mon avis, les candidats qui seront retenus par le Conseil Constitutionnel iront bel et bien à l’élection présidentielle. Comme tout sport, la démocratie a ses règles de fonctionnement. Elles ne changent pas en fonction des résultats des uns et des autres.
Mais déjà, la société civile a décelé 5 défaillances dans le contrôle des parrainages par le Conseil constitutionnel. Partagez-vous ces observations ?
La société civile retenue comme observatrice a quand même dit quelque chose de fondamentale: tous les candidats ont été traités de la même manière. Cela balaie les fausses accusations de favoritisme à l’égard du candidat Macky Sall brandies par l’opposition. Ça, il faut le dire haut et fort. On nous a accusés d’avoir reçu à l’avance le fichier et tutti quanti. Nous avons joué à la régulière, nous avons aussi eu des parrainages invalidés. Il faut saluer cette avancée démocratique. J’espère que les membres de la société civile présents lors du contrôle des parrainages vont continuer à communiquer sur tous les aspects du processus de contrôle du parrainage, y compris les aspects positifs. C’était le sens de leur présence.
Vous étiez Ministre de la Justice. Aujourd’hui on parle beaucoup de l’affaire des 94 milliards de Cfa. Que pensez-vous de cette affaire ? Le procureur ne doit-il pas s’autosaisir enfin ?
Justement je ne suis plus ministre de la Justice depuis longtemps. Donc, je n’ai qu’un avis de citoyen ordinaire. Je lis comme tout le monde cette affaire dans la presse. S’il y’a des justiciables qui s’estiment lésés d’une manière ou d’une autre, qu’ils saisissent la justice. Le procureur est le maître des poursuites, c’est à lui d’apprécier s’il y’a atteinte aux intérêts de l’Etat puisqu’il poursuit au nom du ministère public c’est à dire les citoyens.
Le candidat Ousmane Sonko a fait l’objet d’accusations: L’une portant sur l’affaire des 94 milliards, l’autre sur un versement supposé de 195 000 milliards que Tullow Oil aurait effectué en sa faveur. Votre avis ?
Que le concerné s’explique clairement, lui qui est si rapide à accuser de corruption les uns et autres. Ça commence à faire un peu beaucoup pour quelqu’un qui se présente comme Monsieur Propre.
Et pourtant, beaucoup estiment que derrière ces accusations, se cache une main du régime en place…
C’est la réponse facile classique et partout dans le monde. Tout ce que je sais comme principe général, c’est que quand on se fait le champion de la bonne gouvernance et de l’éthique, on doit veiller à ce que son nom ne doit être mêlé ni de près ni de loin à des affaires de ce genre. Il faut s’évertuer à pratiquer ce qu’on prêche. C’est mon avis.