Le secteur de la microfinance au Sénégal traverse une phase d’ajustement. Selon un rapport de la Direction de la réglementation et de la supervision des systèmes financiers décentralisés (SFD), publié par le ministère des Finances et du Budget, l’encours des dépôts a enregistré un léger recul de 1,6 % au troisième trimestre 2024, pour s’établir à 565,6 milliards de francs CFA.

La baisse observée découle principalement d’un repli de 1,5 % des dépôts à vue et de 7,7 % des autres dépôts. En revanche, les dépôts à terme ont progressé de 1 %, montrant une certaine résilience sur ce segment. Bien que ce ralentissement trimestriel soit notable, la comparaison annuelle reste encourageante, avec une augmentation de 48 milliards de francs CFA, soit une croissance de 9,3 % sur un an.

Du côté des ménages, les dépôts affichent une progression modérée. Les hommes, qui détiennent 51 % de l’encours total, ont accru leurs dépôts de 0,7 %, atteignant 289,5 milliards de francs CFA. Les dépôts des femmes, représentant 27 % de l’encours, ont également augmenté de 1,3 %, pour atteindre 150,4 milliards de francs CFA.

Les entreprises, en revanche, peinent à maintenir leur rythme. Représentant 22 % de l’encours total, leurs dépôts ont reculé de 9,3 %, se fixant à 125,6 milliards de francs CFA à la fin du trimestre. Cette baisse pourrait refléter des tensions sur leur trésorerie ou des arbitrages financiers moins favorables à la microfinance.

À l’échelle macroéconomique, les dépôts du secteur de la microfinance représentent désormais 3,7 % du PIB et 6,3 % des dépôts bancaires. Ces ratios traduisent un léger repli par rapport au trimestre précédent, mais ils restent stables pour les dépôts à vue et les dépôts à terme, qui représentent respectivement 1,7 % et 1,4 % du PIB.

Ces chiffres illustrent les défis auxquels est confronté le secteur de la microfinance au Sénégal, qui joue un rôle central dans l’inclusion financière. La baisse des dépôts des entreprises, combinée à une progression plus timide des dépôts des ménages, pourrait signaler une certaine prudence dans un environnement économique marqué par des incertitudes.

Face à cette situation, les acteurs de la microfinance devront redoubler d’efforts pour renforcer la confiance des épargnants tout en proposant des produits financiers adaptés aux besoins des populations et des entreprises. Zaynab Sangaré