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Un événement tragique a secoué la région de Sédhiou, au sud du Sénégal, lorsqu’une pratique de mutilation génitale féminine (MGF) a eu lieu dans le département de Goudomp. Onze fillettes, âgées de cinq mois à cinq ans, ont été excisées collectivement, dans un acte aussi choquant qu’inhumain, perpétré au moment même où le pays commémorait la Journée internationale de tolérance zéro contre les MGF.

Ces faits déplorables surviennent dans un contexte où, malgré les nombreuses lois et les efforts engagés par les autorités sénégalaises, la pratique des MGF demeure malheureusement bien ancrée dans certaines communautés. La loi sénégalaise, qui pénalise depuis 1999 la pratique, l’assistance ou même le non-signalement de telles violences, semble bien trop souvent ignorée ou contournée, avec la complicité passive de certaines structures locales.

L’UNICEF, l’UNFPA et ONU Femmes n’ont pas tardé à dénoncer cet acte et à rappeler l’ampleur des souffrances qu’il inflige aux filles victimes de cette pratique. Ces organisations ont mis en lumière les blessures physiques et psychologiques graves que subissent les filles, dont les conséquences sont souvent irréversibles. Les mutilations génitales, outre la douleur et les risques immédiats pour la santé, engendrent des traumatismes à vie, compromettant l’avenir des jeunes filles et leur capacité à mener une vie saine et épanouie.

Le Sénégal, pionnier en Afrique dans la lutte contre les MGF, avait adopté des lois exemplaires pour protéger les filles de ce fléau. Pourtant, le pays semble à un tournant, car les chiffres sont alarmants. Selon les données récentes, près de deux millions de femmes et de filles sénégalaises ont subi des mutilations génitales. Les statistiques révèlent qu’environ 12,9 % des filles de moins de 15 ans ont été excisées, une pratique qui touche surtout les plus jeunes, puisque huit filles sur dix subissent cette violence avant leur cinquième anniversaire.

Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’elle survient à un moment crucial dans la lutte contre les MGF, à cinq ans de l’échéance des Objectifs de Développement Durable (ODD) de 2030. Les organisations internationales sont fermes, l’abandon des MGF est non seulement une nécessité morale, mais aussi une obligation légale, en vertu des engagements internationaux pris par le Sénégal. L’UNFPA et l’UNICEF se sont d’ailleurs engagés depuis 2008 à soutenir le gouvernement sénégalais dans la mise en œuvre de la Stratégie Nationale pour l’Abandon des MGF. Ces efforts visent à éradiquer cette pratique, en collaborant avec les autorités locales, les services de protection de l’enfance et les organisations de la société civile.

Cependant, malgré ces efforts, l’excision continue de se propager dans certaines régions reculées du pays, alimentée par des croyances culturelles et des traditions qui sont difficiles à déconstruire. Les autorités locales, notamment les forces de sécurité et les agents de santé, ont un rôle clé à jouer dans la lutte contre ces violences. Cependant, sans une volonté ferme d’appliquer la loi, ces actes continueront à se multiplier.

Les témoignages de victimes et de défenseurs des droits humains soulignent également le rôle crucial des dénonciateurs dans la lutte contre les MGF. Grâce à ces courageux témoins, il a été possible d’identifier les victimes de l’excision de Goudomp. Pourtant, ces dénonciations demeurent souvent isolées et risquées, car elles peuvent entraîner des représailles violentes dans les communautés concernées. Cette situation met en lumière la nécessité d’une plus grande sensibilisation et protection pour ceux qui osent briser le silence.

Face à ces défis, l’UNICEF, l’UNFPA et ONU Femmes appellent à un sursaut collectif. L’excision n’est pas seulement une atteinte à l’intégrité physique des filles, c’est une violation flagrante de leurs droits humains, un obstacle à leur développement et à leur autonomie. Les organisations internationales insistent sur le fait qu’il est urgent de renforcer l’application des lois existantes et de garantir une prise en charge appropriée des victimes.

Les voix des responsables politiques, telles que celles de Jacques Boyer, Représentant de l’UNICEF au Sénégal, Tracey Hebert-Seck, Représentante de l’UNFPA, et Arlette Mvondo, Représentante d’ONU Femmes, résonnent pour dénoncer cette violence systématique. Ils soulignent la nécessité d’une action résolue pour garantir que plus aucune fille ne soit victime de mutilations génitales. Il est de plus en plus évident qu’aucune fille ne doit souffrir de cette violence au nom de traditions archaïques.

La lutte contre les MGF au Sénégal est un combat de longue haleine, mais l’espoir d’un avenir sans excision pour les générations futures reste possible. Il dépendra de l’engagement collectif de l’ensemble des acteurs, gouvernement, société civile, et communauté internationale, pour éradiquer cette pratique et protéger les droits des filles et des femmes.