La république est une promesse d’égalité et de justice dont l’ensemble des institutions constitue le corps matériel. Impersonnelle, la République s’interdit les affects pour éviter de tomber dans un fatras d’intérêts claniques. Dans notre constitution, il est expressément dit: « La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion ».


La république : forme achevée du vivre-ensemble. Elle est le socle de notre convergence pour mieux gérer nos différences et nos différends.
Cette forme supérieure de l’être-ensemble est, hélas, sous la menace du complotisme.
Le Complotisme repose sur un faux postulat : le pouvoir a toujours tort, et l’opposant pris en flagrant délit dans une histoire de moeurs ou délit de sang est forcément victime d’un complot du pouvoir. Et c’est au nom de ce postulat que les complotistes pensent devoir refuser de déférer devant les juridictions, foulant au pied la sacralité des institutions de la République. Les complotistes perdent ainsi tout sens de la réalité et poussent la logique jusqu’à défier les forces de défense et de sécurité, l’administration territoriale et la justice. Voilà comment, insidieusement, la république est chahutée.
Le complotisme développe ainsi un lexique pauvre, le discours étant à un comportement guerrier, manichéen, violent et grossier. Les mots du complotisme sont les mortifères : mort, sacrifices, sang, mortal combat, etc.
Pour les complotistes, les faits sont disqualifiés systématiquement, le récit, leur propre récit étant ce qui importe. Cette pauvreté du discours aux relents démagogiques et populistes masque sa manifeste faiblesse par le recours sans réserve à la violence du propos.
La politique est ainsi réduite à la permanence du conflit : ce qui n’est pas moi doit être détruit, un leader politique allant jusqu’à insinuer que « fusiller tous ceux qui ont dirigé le Sénégal depuis 1960 » ne saurait être un péché.


Démocrates, républicains et patriotes ont le devoir, j’allais dire l’obligation, de défendre la république. Oui, il faut se dresser, au-delà de la mission régalienne de l’Etat de protection de l’intégrité des institutions et de la sécurité des biens et des personnes, contre ces tentatives de saper les fondements de notre vivre- ensemble.

El Hadj H. Kassé