Au terme du séminaire régional sur la contribution des légitimités religieuses dans la prévention de l’extrémisme violent et la lutte contre le terrorisme auquel il était invité à prendre part par le bureau des Nations-Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, l’Imam Mahmoud Dicko du Mali a fait face à la presse nationale. L’ancien président du Haut conseil islamique qui a été au cœur de la révolte qui a eu raison du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta a accepté de répondre aux questions liées à la situation ac- tuelle que traverse le Mali aussi bien sur le plan socio-politique que sur l’aspect sécuritaire.
«La situation est tellement difficile que si on y ajoute des sanctions, qu’est-ce qu’on veut ? Que le Mali paraisse comme un grand malade à qui trop de médicaments feraient du mal. Ou encore l’en empêcher, entraînerait le pire. Je crois qu’aujourd’hui, il faut demander l’indulgence. Le pays traverse une situation très difficile. Ajouter à cela des sanctions économiques qui peuvent amener des difficultés dans le quotidien des populations est une question très difficile et très délicate. Je suis religieux, Imam et je suis très sensible à ce que la population endure aujourd’hui comme situation. C’est ce qui m’a amené d’ailleurs vers ce combat de changement parce que je sais qu’il y a énormément de difficultés et des problèmes de gouvernance réels. Il y a aussi des problèmes liés à la cherté de la vie, à la sécurité, et toujours ce sont les populations les premières victimes. Ajouter à cela, pour une raison ou pour une autre, des sanctions, serait très sévère à l’endroit de ce peuple qui a beaucoup enduré».
Regrets par apport à son engagement pour le changement
«Je me suis engagé en connaissance de cause, en défendant une cause que je considère juste : un changement dans la gouvernance de notre pays. Et cela ne peut pas aller du jour au lendemain. Nous avons besoin de temps. Et puis notre pays est confronté au Djihadiste qui est là. Dire est ce que je regrette ? Non pas du tout. Je ne regrette pas d’avoir engagé ce combat. Ce que je regrette, c’est que mon pays et nos populations soient en train de vivre encore les mêmes problèmes sinon il n’y a pas de regret ». «Je ne sais rien sur l’arrivée de la société de sécurité privée Russe Wagner. C’est des rumeurs et je ne juge pas sur la base de rumeurs »
Dialogue avec les Djihadistes
Mon point de vue n’a pas varié. Depuis le début, je dis ceux dont on a entendu parler sont des maliens et sont connus. Ce n’est pas des extraterrestres. Si ce sont nos enfants, quoi ne pas parler avec eux ? Ils n’étaient pas djihadistes à l’époque. C’est d’autres qui leur ont inculqué des idées. Pourquoi ne tentons-nous pas d’enlever ces idées là pour les faire revenir à la raison ? Voilà ma proposition. À l’époque, je n’ai pas été compris mais je continue à croire jusqu’à aujourd’hui que s’il y a possibilité de parler avec nos enfants ; je parle bien des maliens qui sont impliqués dans cette affaire-là, et qui sont des frères qui sont de même terroir que nous, avec lesquels nous partageons beaucoup de choses pourquoi ne pas essayer de parler avec eux pour les sauver ? Et faire en sorte qu’ils ne soient pas pour nous une cause qui va plonger notre pays dans une guerre sans fin. Je suis encore favorable qu’on parle si on peut parler ». Avance l’imam sur DakarActu.