C’est une découverte à laquelle les amateurs de Louis-Ferdinand Céline ne croyaient plus depuis longtemps. Des milliers de feuillets inédits volés en 1944 au domicile de l’auteur après sa fuite en Allemagne viennent de refaire surface, dans des circonstances dignes d’un roman policier. Le critique de théâtre Jean-Pierre Thibaudat a révélé dans Le Monde être en possession des feuillets depuis plus de quinze ans. « Il y a de nombreuses années, un lecteur de Libération m’a appelé en me disant qu’il souhaitait me remettre des documents. Le jour du rendez-vous, il est arrivé avec d’énormes sacs contenant des feuillets manuscrits. Ils étaient de la main de Louis-Ferdinand Céline. Il me les a remis en ne posant qu’une seule condition : ne pas les rendre publics avant la mort de Lucette Destouches, car, étant de gauche, il ne voulait pas “enrichir” la veuve de l’écrivain », raconte-t-il.
Le donateur, dont l’identité n’a pas été révélée, n’a pas demandé d’argent en échange de ce don. « Il y avait des milliers de pages, un peu en vrac, et il m’a fallu des mois uniquement pour les classer », a expliqué Jean-Pierre Thibaudat, qui a retranscrit pendant des années « plus d’un million de signes, soit l’équivalent d’un livre de 600 pages ». Parmi ces feuillets figure notamment le manuscrit du roman Casse-Pipe, censé conclure le triptyque commencé avec Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit.
Un trésor littéraire inestimable
Informés en 2019 de l’existence de ce trésor, les ayants droit de Céline, Mme Chovin et M. Gibault, ont décidé de porter plainte pour recel de vol. « Pourquoi M. Thibaudat pourrait-il disposer à sa guise de manuscrits qui ont été volés à la Libération ? Comment pourrait-il en ignorer l’origine, alors qu’il suffit de s’intéresser un tant soit peu à Céline pour le savoir ? », demande Me Jérémie Assous, avocat des ayants droit de Céline. Il faudra donc être patient avant de découvrir ce trésor littéraire à la valeur inestimable.