Les financements de la Chine au Sénégal, dans le secteur de la pêche, regrette-t-on, sont concentrés dans l’implantation d’usines de farine et d’huile de poissons. Les contestataires disent avoir constaté une Sénégalisation de navires chinois pour s’accaparer du peu de poissons restant dans les eaux sénégalaises. Ce « mauvais choix »contribue à aggraver la surexploitation et le pillage des ressources halieutiques du pays.
L’exploitation des ressources entraîne des problèmes de pollution de l’environnement et la dégradation du cadre de vie des populations. Le Sénégal accueille ce mardi, le Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC). L’initiative, dit-on, vise à booster la coopération entre la Chine, premier pays pourvoyeur de financement et l’Afrique. Me Aissata Tall Sall, Ministre des Affaires étrangères a promis que ce forum, dont le bilan des trois années de la coprésidence (Chine-Sénégal) sera exposé, permettra de dégager des perspectives « nouvelles et pertinentes ». Mais, la venue des sociétés chinoises dans le secteur de la pêche, a largement contribué à appauvrir les communautés de pêche. Elle n’a enrichi qu’un petit groupe de personnes, ayant exploité les failles du système. Ces derneirs, relève-t-on, ont créé des sociétés mixtes nébuleuses et très problématiques pour la gestion durable des pêches. « Lesdites sociétés mixtes ont également contribué à réduire les emplois de la pêche artisanale, notamment ceux de la transformation artisanale des produits halieutiques et à menacer la sécurité alimentaire des populations du Sénégal et de la sous-région », regrettent les responsables de la Coalition contre les usines de farine de poisson et la mauvaise gouvernance des pêches.
D’après eux, chaque année, plus d’un demi-million de tonnes de poissons sont pêchés dans les eaux d’Afrique de l’Ouest pour être ensuite, transformés en farine et en huile de poisson pour uniquement,nourrir les animaux d’élevage en Asie et en Europe. « Si l’industrie de la farine de poisson est dévastatrice au Sénégal, elle l’est aussi en Gambie et plus encore en Mauritanie. D’où la nécessité d’unir les forces de la société civile de ces trois pays pour dire que les investissements de la Chine dans le domaine de la pêche sont nuisibles au secteur. Car, ils menacent des milliers d’emplois et la sécurité alimentaire de millions de personnes en Afrique de l’ouest », listent-ils.
Au même moment, la FAO, recommande “une réduction immédiate et substantielle de l’effort de pêche et des captures dans tous les pays de la sous-région”. Elle a même, souligné « l’urgence de prendre des mesures fortes ». Ailleurs, la coalition recommande une réorientation des financements de la Chine vers d’autres secteurs où les populations Sénégalaises trouveraient leur compte (la santé, l’éducation, les industries, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, etc…) et réitère les demandes qu’elle a toujours portées à l’endroit du ministère en charge du secteur de la pêche. Lesdites demandesévoquées ont trait au gel de toute nouvelle implantation d’usines de farine et d’huile de poisson au Sénégal. Mais aussi, à l’arrêt des usines utilisant du poisson frais pour produire de la farine et de l’huile de poisson.
Les camarades de Mamadou Sarr, coordonnateur de la coalition appellent à plus de transparence dans la gouvernance du secteur de la pêche, en commençant par la publication de la liste des navires de pêche industrielle, autorisés à opérer au Sénégal. Idem, ils insistent sur la protection des métiers de la pêche artisanale. Et plus particulièrement, aux métiers de la transformation artisanale. Sous ce registre, la coalition exige une gestion efficace et durable des stocks de poissons, partagés par les pays côtiers en Afrique de l’Ouest.