Les agences fédérales américaines ont lancé une vaste purge numérique, répondant aux directives du président Donald Trump, visant à éliminer les programmes liés à ce qu’il appelle l’« idéologie de genre ». Cette action a conduit à la suppression de milliers de pages web, dont de précieuses données officielles, en particulier celles relatives à la santé publique.

Ces derniers jours, un grand nombre de pages web officielles ont disparu des sites gouvernementaux des États-Unis. Selon une analyse du New York Times, ce sont près de 8 000 pages qui ont été effacées depuis vendredi dernier. Ces suppressions ont été mises en œuvre pour répondre aux injonctions de Donald Trump, qui a ordonné aux fonctionnaires fédéraux de supprimer toute référence publique aux initiatives de diversité, d’équité et d’inclusion. La date limite fixée par le président était le vendredi 31 janvier à 17 heures.

Les pages supprimées comprennent des informations essentielles, notamment sur la santé publique, la discrimination raciale, et les politiques environnementales. Parmi les données effacées, on trouve des informations sur les vaccins, les soins aux anciens combattants, les infections sexuellement transmissibles (IST), la maladie d’Alzheimer, ainsi que des articles scientifiques dans des domaines variés comme l’optique et la chimie. Ces sites, qui servaient de références à de nombreux chercheurs et professionnels de la santé, ont disparu du web.

Le New York Times rapporte que plus de 3 000 pages du site des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont été supprimées, dont 1 000 articles de recherche sur les maladies chroniques. En outre, plus de 1 000 pages du Bureau des programmes de justice, un organisme public de prévention de la délinquance, ont été effacées, incluant des ressources sur la violence dans les relations amoureuses entre adolescents.

D’autres données cruciales concernant les crimes haineux anti-LGBTQ, la santé mentale, l’addiction, la discrimination raciale à l’école, le harcèlement scolaire, ainsi que les politiques environnementales, ont également été supprimées. Cette suppression généralisée a suscité l’inquiétude de nombreux experts, à commencer par l’épidémiologiste Nancy Krieger de l’université de Harvard, qui a exprimé son désarroi face à ce phénomène. Dans une interview au New York Times, elle a déclaré : « Il y a cette tendance à essayer de faire disparaître des données, comme si cela faisait disparaître les problèmes. Mais les problèmes ne disparaissent pas et la souffrance s’aggrave. »

Parallèlement à cette purge numérique, des mesures ont été prises pour effacer toute référence à l’« idéologie de genre » dans les pratiques quotidiennes des fonctionnaires. Les employés fédéraux ont désormais l’interdiction de signer leurs e-mails avec leurs pronoms (par exemple, “he/him”, “she/her” ou “they/them”). Les toilettes des agences de santé sont également désormais réservées à l’usage d’un seul sexe biologique, conformément aux nouvelles directives fédérales. De plus, le mot « genre » a été retiré des formulaires administratifs des agences fédérales.

Ces décisions font partie d’une campagne plus large de réorientation des politiques publiques sous l’administration Trump, visant à affirmer une vision conservatrice de la société américaine. Si ces mesures sont présentées comme une réponse à ce qui est perçu par certains comme une dérive progressiste, elles suscitent également des interrogations sur l’impact à long terme sur la transparence des données publiques et sur la manière dont la politique d’inclusion et de diversité est abordée dans le pays.