Les performances du Sénégal sur le marché des titres publics font tilt et débat. En l’espace de 3 mois, le Sénégal a pu lever près de 70 milliards en décembre 2021 et plus de 50 milliards ce 25 février 2022 portant sur une maturité de 10 ans. Cette dernière émission a enregistré un dépassement des objectifs allant jusqu’à 79,86 milliards de FCFA de souscriptions, alors que 50 milliards étaient sollicités. Ces performances sont sans aucun doute liées aux notes assignées par les institutions de notation, Moody’s, Fitch & Standard and Poors, reconnues sur le plan mondial et très écoutées par les investisseurs. Donc ceci s’explique par la bonne signature du Sénégal, sa capacité à honorer ses dettes et surtout sa stabilité politique. Dans la perception des investisseurs, ce dernier point le démarque de tous les autres Etats voisins et ceux de la sous-région secoués par de fortes perturbations politico-militaire (Burkina Faso, Mali, etc.). Alors que nous avançons à grands pas vers d’autres échéances électorales déterminantes et importantes pour la démocratie et la gestion du pays, les élections législatives, tout résultat issu de ces élections pèsera sur la réputation du pays. Cohabitation ou pas, les institutions de notation, les investisseurs observeront la gestion de tout conflit y découlant et cela aura forcément un impact sur la capacité du Sénégal à s’endetter encore sur le marché financier ouest africain et international.
Sur ce, les actuels dirigeants du pays doivent faire très attention aux gestions des différents dossiers aux allures politico-judiciaires: l’arrestation de Ousmane Sonko, le blocage par le parrainage de certains leaders de l’opposition, par une loi pourtant jugée scélérate et rejetée par les cours de la CEDEAO, et une quelconque tentative de 3e candidature aux élections présidentielles de 2024, sont des facteurs potentiels de tensions et pèseront sur les couts des prochains emprunts du pays sur les marchés financiers. Des facteurs de perturbations, qui secoueront le bon élan du Sénégal actuellement sur le marché des titres publics, nous explique l’agence COFACE for Trade et d’autres analystes financiers dans leurs derniers rapports.
Dans ce contexte de forte inflation causée par la guerre ukrainienne, il est alors important de rappeler à nos actuels dirigeants de juger la pertinence ou non de soulever certains débats et de faire rentrer le pays dans des moments d’instabilités politiques inutiles, à fortes conséquences négatives sur la réputation d’un pays déjà très endetté comme le Sénégal (70,1% de son PIB en 2022 alors que la cote d’ivoire et le bénin sont respectivement à 51% et 48,9% selon Coface for Trade).
Ce qui nous amène à réfléchir sérieusement sur la pertinence et l’orientation stratégique donnée à toutes ces dettes, détenues en très grande partie par des étrangers.
Par Meissa LO