Depuis plusieurs années, Air Sénégal bénéficie d’un soutien financier massif de la part de l’État pour soutenir son développement jamais révélés. Enfin des chiffres en attendant les contrats. Cependant, une enquête approfondie sur les mécanismes de financement de la compagnie nationale basée sur les révélations du rapport de la cours des comptes publiée ce jour, affirme des pratiques financières complexes, marquées par des transferts sombre, des garanties de dettes risquées et des dépenses hors cadre budgétaire. Ces éléments soulèvent des questions cruciales sur la transparence de l’utilisation des fonds publics et l’avenir financier de la compagnie.
L’une des découvertes les plus préoccupantes concerne les transferts de fonds directs effectués à Air Sénégal. Ces transferts, réalisés par le biais de comptes de dépôt, notamment le «CAP/Gouvernement», laissent planer un doute sur la régularité de la gestion des fonds publics. Un montant de 4 milliards de FCFA a été transféré à Air Sénégal sur ordre du Directeur général du Budget, une opération qui suscite des interrogations, étant donné que ce dernier n’est pas le gestionnaire direct de ce compte. Cette intervention semble contourner les circuits financiers habituels.
Par ailleurs, en 2023, l’État a procédé à plusieurs allègements financiers en faveur de la compagnie aérienne. Un surfinancement de 5 milliards de FCFA a été alloué à Air Sénégal pour couvrir les coûts liés au carburant et à la location d’avions. De plus, 1,6 milliard de FCFA a également été affecté à la compagnie dans ce cadre. Un autre versement de 5 milliards de FCFA a été effectué par le Trésorier Général pour soutenir la gestion de l’entreprise. Ces montants sont considérables et interrogent sur la priorisation des dépenses publiques et sur les justifications de tels engagements.
Les mécanismes de financement d’Air Sénégal incluent également des garanties de dettes souveraines, exposant potentiellement l’État à des risques financiers élevés. En février 2020, une garantie de 71,1 milliards de FCFA a été accordée à Casamance Owner SARL pour l’acquisition d’avions destinés à la compagnie. Cette garantie a été suivie par une autre opération de 76,8 milliards de FCFA en novembre 2019, un soutien accordé dans le cadre d’un contrat d’acquisition d’avions. Bien que ces garanties aient pour objectif de soutenir le développement de la compagnie aérienne, elles exposent l’État à des risques considérables, notamment en cas de défaillance de la compagnie ou des fournisseurs.
Dans le cadre de l’acquisition d’un Airbus A330-900 Neo, un financement extérieur de 53,3 milliards de FCFA a été contracté auprès de Banco Santander. Bien que ce financement soit essentiel pour le développement de la flotte de la compagnie, il soulève des questions concernant la dépendance accrue de l’État à l’égard de financements extérieurs et la transparence des opérations de dette.
Une autre pratique inquiétante révélée par le rapport est le recours à des dettes bancaires importantes contractées en dehors du cadre budgétaire formel. Ces dettes, certaines d’entre elles liées à des transferts vers le secteur parapublic, notamment Air Sénégal, ne respectent pas les règles de transparence et de contrôle. Des lettres de confort ou des attestations de couverture budgétaire ont été utilisées pour justifier ces dépenses en dehors des circuits habituels, souvent signées par les ministres des Finances.
Les remboursements de créances ont été effectués via le compte CAP/Gouvernement, en particulier en faveur de Bridge Bank Sénégal, mais ces opérations ont été menées hors des procédures normales de gestion de la dette publique. L’opacité de ces transactions soulève des inquiétudes sur la manière dont les fonds publics sont utilisés et sur le respect des règles de comptabilité publique.
Les pratiques financières d’Air Sénégal, telles qu’elles ont été révélées, soulignent un manque flagrant de transparence et une gestion douteuse des fonds publics. Les transferts complexes, les garanties de dettes risquées et les dettes contractées hors des circuits budgétaires soulignent la nécessité d’une enquête indépendante et approfondie.
Les citoyens sénégalais ont le droit de savoir comment l’argent public est utilisé, surtout lorsqu’il s’agit d’une entreprise d’envergure nationale comme Air Sénégal. Il est crucial que des mesures soient prises pour garantir que la compagnie puisse se développer de manière saine, sans compromettre l’avenir financier de l’État. Le gouvernement devra rendre des comptes sur ces opérations et mettre en place des mécanismes plus rigoureux pour assurer la transparence et la responsabilité dans la gestion des ressources publiques.