Le Conseil constitutionnel a arrêté la liste définitive des candidats retenus pour la présidentielle du 24 février 2019. Khalifa Sall et Karim Wade, respectivement de « Taxawu Senegaal » et du Parti démocratique sénégalais (Pds), sont recalés. Mais ce n’est pas la fin du monde pour ces leaders.
L’avenir politique de Khalifa Sall et de Karim Wade, tous les deux disqualifiés de la course à la présidentielle, n’est pas pour autant compromis. C’est l’avis de Saliou Guèye, journaliste et analyste politique. « Même s’ils ne participent pas à l’élection présidentielle de 2019, leurs avenirs politiques respectifs ne sont pas pour autant compromis. Ils gardent, aujourd’hui, toutes leurs chances de participer à d’autres échéances futures », pronostique-t-il.
Le journaliste d’ajouter : « Pour Karim Wade, sa peine devrait normalement expirer en mars 2019 et à partir de cette date, il pourra bel et bien être inscrit sur les listes électorales. La seule épée de Damoclès qui risque d’être toujours suspendue sur sa tête, c’est l’amende de 138 milliards francs CFA qui risque de compromettre son éligibilité lors d’une autre élection. »
Pour ce qui concerne l’ex-maire de Dakar, Guèye explique qu’il sera certainement sorti de prison en 2023. « Ce qui veut dire qu’il est exclu des Locales de 2019 mais, s’empresse-t-il d’ajouter, garde encore sa chance pour la présidentielle de 2024 si l’on sait que la mention qui a été faite sur son casier judiciaire concerne uniquement cette élection de 2019. »
L’analyste politique signale que si un membre du C25 accède au pouvoir, Khalifa Sall bénéficiera d’une amnistie. « En somme, il faut dire que leur avenir dépend de la tournure après l’élection présidentielle de février prochain », résume-t-il.
Un avis que partage le professeur Papa Samba Ndiaye, enseignant-chercheur en sciences politiques. Évoquant les rapports entre la justice et la politique, il précise que ces deux leaders peuvent avoir la chance de revenir dans le champ politique. « Ce sont des citoyens qui sont déchus de leurs droits civiques, mais il faut dire que ce n’est pas ad vitam aeternam, car ils pouvaient retrouver ces droits. Ils ne sont pas morts politiquement », fait savoir l’enseignants-chercheur, qui considère que cela pose d’ailleurs la question de l’indépendance du pouvoir judiciaire et l’instrumentalisation du processus politique.
Pape Samba Ndiaye ajoute : « Les institutions sont instrumentalisées par les tenants du pouvoir. On ne note pas une stabilité et une permanence des normes. Si la majorité change, un autre pouvoir pourrait venir et changer les règles du jeu. Ce que la loi a fait une autre majorité peut le défaire. »
Toutefois, à en croire Ndiaye, l’avenir politique de ces leaders pourrait prendre des trajectoires différentes. Il dit : « L’avenir de Khalifa Sall, un militant historique du Parti socialiste, pourrait être en dehors du parti. Il pourrait incarner une nouvelle forme de socialisme parce que sa voie est déjà tracée. En revanche, concernant Karim Wade, ce serait très difficile d’imaginer son avenir politique en dehors du cercle protecteur de son père. Cela entraînerait une implosion du Pds. »
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