Ancien secrétaire général du Saes, Seydi Ababacar Ndiaye n’a pas résisté à l’envie de livrer ses sentiments sur l’augmentation à 1 500 % (de 170 à 2 770 euros) des frais d’inscription dans les écoles et universités françaises. L’enseignant livre, dans une note, la stratégie de l’ancien colon pour se débarrasser des Africains, tout en maintenant son influence culturelle.La hausse des frais d’inscription dans les universités françaises n’est pas du goût de l’ancien secrétaire général du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes). Seydi Ababacar Ndiaye se dit même ‘’dépité’’ par cette mesure.
Le syndicaliste ne comprend pas comment la France peut piller les ressources africaines tout en refusant d’accueillir les fils du continent. A son avis, cette décision est l’aboutissement d’une stratégie de l’Hexagone exécutée étape par étape et destinée à cantonner les Africains chez eux tout en contrôlant son espace intellectuel et universitaire.
Pour ce faire, il y a eu d’abord la délocalisation des grandes écoles de la France vers l’Afrique, par le biais de l’enseignement supérieur privé. Il y a eu, ensuite, le campus franco-sénégalais à Diamniadio, avec des professeurs français à côté des Sénégalais. «Il ne faudrait pas oublier, non plus, de déplorer la mainmise de la France sur l’Institut national du pétrole et du gaz, soustrait de la tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, pour dépendre directement de la présidence de la République», regrette-t-il.
Ainsi, conclut-il, après la délocalisation des grandes écoles françaises en Afrique et le campus francophone, il ne restait qu’à augmenter les frais d’inscription pour dresser une barrière pécuniaire contre les Africains. «A présent, la sélection/élimination par l’argent et la boucle est bouclée !», s’exclame-t-il.
Se décomplexer enfin !
Seulement, cet obstacle financier ne concerne nullement les ‘’cerveaux’’ de l’Afrique, regrette-t-il, puisque pour ceux-là, il y aura toujours les bourses d’excellence qui ne sont rien d’autre qu’une facette de ‘’l’immigration choisie’’.
«C’est une abominable arnaque et une horrible discrimination en ce que le nombre d’étudiants étrangers et la diversité de leurs origines participent au classement des universités : les encombrants et bruyants étudiants africains remplacés, numériquement, par les autres plus proches ‘’culturellement’’ et ‘’ethniquement’’ des Français», s’indigne-t-il, tout en espérant que le Québec, qui revendique la francophonie, prendra la relève.
Du côté des Français, Seydi Ababacar Ndiaye pense que toutes ces histoires de francophonie et agence universitaire de l’Oif, ne sont que poudre aux yeux.
Mais puisque à toute chose malheur est bon, l’ex-Sg du Saes invite l’Afrique à saisir l’opportunité pour enfin se décomplexer et oser prendre en charge la formation de son intelligentsia.
Une mutation qui lui permettra, espère-t-il, de se dégager de l’influence de la France dont le rayonnement international dépend, en grande partie, du continent. «Qui parle et étudie encore en français de par le monde ?», s’interroge-t-il. Réponse : les Africains qui continuent de se baigner dans la ‘’rivière’’ de l’ancien colonisateur.