Le festival de Cinéma Africain de Khouribga est l’un des nombreux (74) festivals de cinéma que compte le Maroc. Presque chaque semaine se tient un festival de films dans les grandes villes et régions. La spécificité de Khouribga, ville située au centre du pays, à une centaine de kilomètres de Rabat, la capitale du Maroc, est de montrer les films africains long métrage fiction. 15 films africains sont sélectionnés pour la 21e édition qui se tient du 15 au 22 décembre 2018.
Organisé par la Fondation du Festival du Cinéma Africain de Khouribga (FCAK), cet évènement qui se tient chaque année dans le mois de juillet, a connu des difficultés particulières qui ont repoussé la date en ce mois de décembre, temps glacial, période d’examen scolaire et universitaire. « Ce qui enlève cette année sa chaleur au festival » selon les dires des habitués.
Festival de films long métrage de fiction africains, la 21e édition met en compétition 15 films représentant 14 pays : Congo, Algérie, Kenya, Mali, Zambie, Bénin, Cameroun, Côte d’Ivoire, Ghana, Afrique du Sud, Tunisie, Tanzanie, et bien sûr du Maroc.
Un jury de 7 personnes présidé par le Congolais Balifu Bakupa, réalisateur, producteur et scénariste, apprécie les films. Il est accompagné par la Burkinabè Apolline Traoré, réalisatrice, Licino Azevedo, cinéaste et écrivain mozambicain, Oumar Sall, Sénégalais, Zézé Gamboa, réalisateur angolais, la Marocaine Yasmine Belmahi, journaliste et critique et Noufissa Benchouhida, actrice marocaine.
L’Egypte, pour la première fois, est absente. Le Sénégal et le Burkina Faso aussi, côté films. Mais on note une grande présence des acteurs du monde du cinéma.
En effet, même sans présenter de films, le nom du Burkina Faso est sur les lèvres. On demande les nouvelles des préparatifs du FESPACO 2019. Outre la délégation du FESPACO présente, un hommage est rendu à Maimouna N’Diaye, réalisatrice de documentaires, actrice de cinéma, comédienne de théâtre et militante des droits de la femme. Une photo portrait d’elle trône dans toutes des salles.
Le nom de Idrissa Ouédrago résonnera désormais sur chaque trophée de la meilleure réalisation, après celui de Sembène Ousmane donné au premier grand prix, une manière symbolique pour les organisateurs de lui rendre hommage à chaque édition.
Khouribga, à la différence des autres pays du Maghreb, arabophones, réclame son africanité. On ne fait pas la différence entre les films des pays du nord et ceux du sud, comme c’est le cas chez ses voisins. D’ailleurs, il laisse entrevoir le sentiment de vouloir représenter toutes les parties de l’Afrique, à défaut des 54 pays.
Outre son désir de faire connaitre le cinéma marocain et d’interagir avec le cinéma des autres pays africains, le FCAK œuvre pour la promotion d’espaces de dialogue, de communication et d’échanges d’expériences entre cinéastes du continent.
Cet évènement vieux de 40 ans a aussi son charme. Il se veut relaxe, convivial, avec trois projections par jour. Le reste du temps est consacré aux débats avec les réalisateurs après la projection de leurs films. «On discute, on est en famille ici », soutiennent bon nombre de cinéastes habitués du festival.
« Khouribga aura permis à plusieurs directeurs de centre de cinéma de créer une plateforme d’échanges, de conception dénommée : communauté des cinématographies africaines (CCA) pour une meilleure harmonisation des politiques cinématographiques », soutient Baba Diop, critique enseignant sénégalais.
Pour la deuxième fois, la prison locale de Khouribga reçoit les cinéastes à cette occasion pour des moments de communion avec les détenus. Cette fois, on place l’humain au centre des échanges et parle des droits des détenus avec un clin d’œil aux migrants détenus.