La Maison-Blanche s’apprête à célébrer Pâques de manière inédite cette année, en sollicitant des sponsors pour financer la célèbre chasse aux œufs du 21 avril. En échange de leur soutien financier, des entreprises auront la possibilité d’afficher leurs logos dans le jardin de la Maison-Blanche, un geste qui soulève des questions sur la séparation entre les affaires publiques et privées.

Depuis plusieurs années, la chasse aux œufs de Pâques, un événement incontournable aux États-Unis, est l’occasion d’accueillir des milliers d’enfants, notamment ceux de militaires américains. Cependant, pour la première fois en 2025, des marques sont invitées à mettre la main au portefeuille pour soutenir cette tradition. La société Harbinger, qui a déjà organisé l’événement sous la présidence de Donald Trump, a été mandatée pour dénicher des sponsors.

Un document de neuf pages, révélé par CNN, détaille les conditions de ces partenariats. Les montants demandés varient entre 75 000 et 200 000 dollars. En contrepartie, les logos des marques seront visibles dans le jardin de la Maison-Blanche, et d’autres avantages sont proposés, tels que des souvenirs personnalisés, des mentions sur les réseaux sociaux, des invitations à un brunch avec la Première Dame, ou encore des billets pour l’événement et une visite privée de la résidence présidentielle. Le document précise que ces sponsors fourniront aussi des activités et des cadeaux pour enrichir l’événement, tout en bénéficiant d’une visibilité et d’une reconnaissance à l’échelle nationale.

Mais cette démarche n’est pas sans polémique. Bien que l’organisation affirme que les fonds collectés seront reversés à la White House Historical Association, une organisation privée à but non lucratif, l’initiative heurte certains principes fondamentaux des États-Unis. Selon CNN, elle va à l’encontre des réglementations établies depuis longtemps, interdisant l’utilisation des événements publics à des fins commerciales privées.

Des voix s’élèvent contre cette commercialisation de la Maison-Blanche. Richard Painter, ancien conseiller juridique de la Maison-Blanche sous la présidence de George W. Bush, s’est exprimé sur CNN : « Ce n’est pas ainsi que l’on gère la Maison-Blanche, comme un stade de football où l’on met des logos partout pour récolter de l’argent. À mon époque, cette proposition aurait été rejetée en moins de 30 secondes. » Une critique qui soulève la question du respect des traditions et des valeurs de l’institution.

Cette initiative rappelle également un précédent événement controversé. En février dernier, alors que Tesla rencontrait des difficultés financières, Donald Trump avait publiquement soutenu la marque, déclarant qu’il allait « acheter une Tesla » en raison de sa qualité. Ce geste, qualifié par certains de conflit d’intérêts, alimente les critiques sur l’utilisation de la fonction présidentielle pour des gains personnels ou commerciaux.

La multiplication de ces actions soulève des interrogations sur les limites de l’influence des grandes entreprises et les possibles dérives commerciales dans l’espace symbolique de la Maison-Blanche. Zaynab SANGARÈ