En ce jour du 1er décembre 2022, la plate-forme des féministes a suivi avec amertume l’agression physique perpétrée sur l’Honorable Député Mme Amy Ndiaye par deux de ses collègues hommes durant une séance de travail au sein de l’hémicycle.
Nous exigeons des sanctions immédiates à l’endroits des députés Massata Samb et Mamadou Niang, tous les deux du PUR.
Le parlement sénégalais se targue de refléter les mutations de la société avec une “soi-disante” parité. Mais il doit aussi être un exemple et un modèle de rapports sociaux pluriels égaux, pacifiques et tolérants. Pourtant nous venons d’assister à une scène dégradante pour l’ensemble du système démocratique et pour la femme en particulier. Quel message lançons-nous à cette petite fille qui voudrait devenir député et changer le monde de la petite enfance ? Que disons-nous à cette jeune femme consciente des enjeux des luttes politiques qui font le monde et qui à son tour voudrait se lancer dans l’action ? Que disons-nous à cette jeune mère qui, consciente de l’emprise des lois votées et de leur impact sur sa vie intime, voudrait se lancer et voir enfin se partager l’autorité parentale? Que leur dirions- nous si cette violence au parlement passait sans sanction ?
Que des personnes élues de la République agressent, en pleine séance, devant le regard de la communauté nationale et internationale, avec une telle violence et une telle force tranquille, en toute puissance et en plein sentiment d’impunité, une femme députée en dit long sur la force de l’ordre patriarcal établi. C’est une honte ! Les commentaires de soutien de l’acte de la part de plusieurs parlementaires dans les media, ont été pires.
Si de fait, nous sommes témoins, sans en prendre l’habitude, des diverses formes de contestation et de résistance de la présence des femmes en politique et surtout dans le leadership (insultes, propos sexistes, intimidation physique ou harcèlement sexuel, etc.), cet acte dégradant, indigne de notre Parlement, restera une marque infamante, dans les annales de l’histoire politique et dans l’histoire des femmes au Sénégal.
Alors que nous sommes en pleine campagne des 16 jours d’activisme, la fréquence de ces actes délictuels, l’accroissement quasi quotidien du taux des féminicides sont plus que préoccupants. Nous en éprouvons une colère encore plus forte, après la grande messe sur la Masculinité positive servie par l’Union africaine, à ses populations incrédules. Le doute est permis.
Le Président Macky Sall a été élevé au rang de champion #heforshe. Il a l’obligation politique et morale d’être notre premier ambassadeur et défenseur, garant de nos droits citoyens. Il se doit de booster la lutte contre les violences masculines avec, comme arme, la promotion de ladite masculinité positive. Fermer les yeux sur une telle violence, sur une telle arrogance dans l’hémicycle, ferait jurisprudence et annihilerait toute velléité d’affirmation des femmes dans les espaces de prise de décision, dominé par les hommes, que ce soit le patriarcat ou la domination masculine. Notre pays ne peut se développer, ni s’épanouir, dans un tel système d’inégalité et d’injustice.
Monsieur le Président de la République, Mme la Ministère de la femme, de la famille et de la protection des enfants, Monsieur le Ministre de la Justice, Honorables députés, il est votre devoir, face au peuple sénégalais et aux femmes qui en constituent au moins la moitié, de tirer enfin les conclusions qui s’imposent à propos de tels actes et de prises de positions, incompatibles avec la lutte contre les violences faites aux femmes.
L’institution parlementaire, le monde politique, comme la société sénégalaise, ont l’obligation de prendre à bras le corps ce phénomène qui fragilise la progression des femmes vers l’égalité et sape les fondements de la démocratie. Toutes les femmes de l’hémicycle sont en danger quel que soit leur parti tant que ces hommes seront du parlement.
Un tel acte ne saurait rester impuni.
Nous exigeons que les députés incriminés soient démis de leur fonction, indignes qu’ils sont de représenter le peuple et qu’ils reçoivent les sanctions judiciaires à la hauteur de leur crime.