C’est une bonne question qui hante de plus en plus de Maghrébins, sans pouvoir y apporter des réponses claires. Un désert intellectuel domine toute la région, qui ne laisse éclore aucun débat sur cette question. A l’image de l’économie de cette région, qui frôle le degré zéro en ce qui concerne les échanges intra-maghrébins.
Chacun pour soi et Allah pour tous : tel semble le choix des pays de cet ensemble régional unique au monde. Il vit avec des frontières fermées, et d’autres militarisées. Le chacun pour soi domine, les alliances des pays maghrébins se font avec des puissances éloignées géographiquement et même culturellement. Peu importe, l’essentiel est de chercher des investisseurs, des partenaires, des marchandises le plus loin possible. Tout sauf mon voisin. Tout sauf mon frère, mon semblable.
L’Europe en tire avantage jusqu’à présent. Elle est obsédée par le Maghreb. Elle en a peur, elle s’en protège, et en même temps elle le domine économiquement : plus de 60% des échanges maghrébins se font avec l’Europe. Qui a tout intérêt dans un statut quo préférable à la percée de concurrents sans états d’âmes : Chinois, Turcs, Russes, Japonais, Américains…
Où va le Maghreb ?
Il n’est pas maître de son destin car chaque pays lutte tout seul pour construire son avenir. Les frictions et les antagonismes se sont accentués, ces jours-ci avec la sortie tunisienne contre le Maroc, une véritable bombe dont les fragments n’ont pas encore tous explosé. Les tensions entre l’Algérie et le Maroc semblent presque anodines devant ce nouveau front de tensions qui marquera une rupture difficile à réparer.
Et pourtant, des lueurs d’espoir ont toujours été portées par les entrepreneurs maghrébins, qu’ils soient expatriés ou dans la région. Véritables ambassadeurs d’une prospérité attendue, les entrepreneurs slaloment avec les contraintes, se font parfois « trabendistes » pour survivre. Mais ils croient à l’unité régionale maghrébine dur comme fer.
Ils ont toujours un temps d’avance par rapport aux politiques. Espérons qu’ils pourront trouver suffisamment d’occasions pour échanger, et imaginer ensemble des stratégies de complémentarité et de partage des opportunités.
En attendant, chaque pays maghrébin devrait s’abstenir de critiquer les autres voisins. Comme une fratrie qui a grandi : chacun a le droit de choisir ses partenaires, son modèle économique et de société. Sans esprit enfantin de compétition. En renforçant les valeurs de respect mutuel. Et que les meilleurs gagnent chez eux. Pour leurs populations. En se refusant à tout acte hostile envers les autres membres de la fratrie.