L’Afrique aussi a connu de ces crimes qui ont marqué leur époque, charriant leur lot de rumeurs et de soupçons, et qui n’ont jamais été officiellement élucidés. Mais a-t-on vraiment cherché à faire la lumière sur toutes ces affaires ?
Il est de ces crimes qui, des décennies après avoir été commis, conservent une part de mystère. Des affaires médiatisées que des années d’enquête minutieuse n’ont pas permis de résoudre, ou du moins pas complètement. Les exécutants ont parfois été identifiés, mais pas les commanditaires, pas les donneurs d’ordre, souvent protégés par de puissants intérêts. Bien sûr, le doute est apparu, mais le poids de la politique est parvenu à étouffer le zèle des enquêteurs les plus obstinés.
Chronique judiciaire
Les sept affaires que Jeune Afrique a choisi de vous raconter ont toutes, à leur manière, marqué la chronique judiciaire. Qui a oublié l’assassinat de Chokri Belaïd, qui plongea la Tunisie dans le désarroi et contribua, des années plus tard, à l’affaiblissement et à la chute du parti islamiste Ennahdha ? Et celui de Dulcie September, cette militante anti-apartheid sud-africaine réfugiée en France à laquelle la police avait refusé sa protection ? Et les soupçons apparus après que Robert Luong a été abattu à la nuit tombée dans le sud de la France – un homme auquel de folles rumeurs prêteront une relation avec l’ancienne première dame du Gabon ?
En Côte d’Ivoire, le doute demeure quant aux circonstances exactes de la mort de Désiré Tagro, mortellement blessé lors de l’assaut lancé contre la résidence présidentielle où il s’était retranché aux côtés du président Gbagbo. Comment imaginer que le ministre de l’Intérieur ait pu retourner une arme contre lui et faire feu ? Tout comme au Cameroun, le décès brutal de Benoît Balla, évêque de Bafia, continue de charrier son lot de mystère.
À qui profite le crime ?
Au Sénégal en revanche, il ne fait aucun doute que Babacar Sèye, vice-président du Conseil constitutionnel, a été assassiné au début des années 1990. Mais sur ordre de qui ? Qui pouvait avoir intérêt à le voir disparaître ?
Enfin, tout le monde sait que c’est en Algérie que l’assassin présumé de l’opposant Ali Mécili a trouvé refuge, à la fin des années 1980. L’homme ne s’est jamais caché et s’est même, un temps, laissé aller à quelques confidences. On connaît le montant du contrat placé sur la tête de la victime, on sait que cette dernière s’était fait de puissants ennemis, et l’enquête a établi les liens qui unissaient le suspect à certaines des personnalités les plus influentes d’Algérie. Mais qui voulait vraiment la mort de Mécili, lui aussi abattu à la nuit tombée en France, et pourquoi ?
Sur toutes ces affaires, le temps a passé. Et les questions demeurent sans réponse. La vérité est-elle encore possible ? JA.