L’Etat ne peut pas empêcher les inondations, mais il doit pouvoir définir et exécuter un plan d’assainissement qui pourrait défier le temps»! Tel est l’avis du géographe spécialisé en climatologie, Pr Moussa Mamecor Faye, qui propose des réponses structurelles à l’Etat pour venir à bout de ce phénomène.
Professeur d’histoire et de géographie, il demande de raser les zones à risque et reloger les habitants hors de Dakar.
«Le problème est structurel. Il faut investir dans des plans de lutte contre les inondations. Pour ce qui est de la situation qui perdure, il y a plusieurs paramètres à tenir en compte. Il y a des facteurs naturels et anthropiques. Par rapport aux facteurs naturels, il y a un regain d’activité pluvieuse ces dernières années dû à la variation climatique surtout en Afrique de l’Ouest. Ensuite, il y a les facteurs anthropiques dus à l’aménagement de zones non aedificandi dans la plupart des cuvettes comme Grand Yoff, Pikine et Guédiawaye surtout les communes de Sam Notaire et Wakhinane Nimzatt entre autres. Il y a aussi la nappe phréatique qui est très proche. Celle-ci est saturée. Elle devient affleurant par ressuage. L’aménagement des établissements humains n’a pas sérieusement tenu compte de la viabilisation avec des canaux d’évacuation d’eaux pluviales et usées séparément.
Dans la presqu’île du Cap Vert, qu’on appelle la région de Dakar aujourd’hui, la nappe est très proche. Or, ce n’est pas n’importe où qu’on doit habiter. Beaucoup de quartiers ne devraient pas exister. Il appartient à un gouvernement courageux de les raser et les reloger hors de la région de Dakar. Il y a aussi la vétusté des canaux réalisés l’époque coloniale avec une population beaucoup moins nombreuse que celle d’aujourd’hui. Guédiawaye, Pikine, Grand Yoff doivent être accompagnées d’une bonne politique de viabilisation. Il faut penser à les moderniser en les adaptant au contexte climatique actuel. Tout est question de volonté et d’orientation politiques. Il faut avoir le courage de reloger les populations des zones à risques à l’intérieur du pays avec un bon plan d’aménagement. Un manque criard de civisme de la population aussi est une autre cause de ces inondations. On ne lutte pas contre des inondations, mais on doit définir et exécuter un plan d’assainissement qui défie le temps. Pour les plans d’urgence, il faut doter la protection civile de moyens suffisants, former des gens à cet effet et faire un suivi-évaluation.
Contourner les plans d’urgence et aller vers les actions préventives consiste à définir un plan d’assainissement futuriste. Le plan organisation des secours est le meilleur s’il est bien exécuté. Car, lorsqu’il y a une catastrophe de ce genre dans un pays, l’autorité compétente déclenche d’ores et déjà le plan Orsec».