Né en 1971, d’origine cap-verdienne, Dias a été élu en 2009 maire de Mermoz-Sacré-Coeur. Il est alors le plus jeune édile du Sénégal. Le jeune homme a passé plusieurs années aux Etats-Unis où il a décroché un master MBA en transports, mais il a aussi -et surtout- profité de ces années outre-Atlantique pour forger sa réputation.

 


 

Jeune adhérent au Parti socialiste, il a choisi de s’exiler au moment de la défaite de son camp à la présidentielle de 2000, lors de l’élection d’Abdoulaye Wade et la fin de l’ère Abdou Diouf.
Paradoxalement, « c’est aux Etats-Unis qu’il va se faire connaître des Sénégalais », rapporte Ibrahima Kane, militant sénégalais des Droits de l’Homme au sein de la RADDHO et observateur attentif de la vie politique.
En Amérique, en effet, « il booste la section locale du Parti socialiste et surtout s’affirme comme quelqu’un qui n’a pas froid aux yeux, raconte Ibrahima Kane. Lors des visites du président Abdoulaye Wade, il n’hésite pas à aller à la charge, à dire au président que ce qu’il fait au Sénégal n’est pas bon. C’est aux Etats-Unis que beaucoup de jeunes vont commencer à apprécier ses talents d’orateur et son goût pour la bataille politique ». Son mariage avec une Américaine octroie en outre à Barthélémy Dias une double-nationalité.
Energique, bouillonnant…
De retour au Sénégal, Barthélémy Dias s’attelle à remettre sur les rails le Parti socialiste alors emmené par Ousmane Tanor Dieng, incontournable figure du PS depuis de nombreuses années. C’est à cette époque qu’il se rapproche encore davantage de Khalifa Sall, futur maire de Dakar, et lui aussi futur adversaire politique du président Macky Sall.
De son père Jean-Paul Dias, Barth a hérité une certaine intransigeance dans les relations humaines. Le père et le fils ont le même genre de caractères ».
Curiosité des articles de presse consacrés à Barthélémy Dias, et nous n’y dérogeons pas, son nom est systématiquement accompagné d’un adjectif. Charismatique, turbulent, énergique, bouillonnant…
OTD, importante personnalité socialiste au delà des frontières sénégalaises, avait fait les frais quelques semaines plus tôt de l’intransigeance politique du jeune Barthélémy Dias lorsqu’il avait appelé à la réunification du Parti socialiste.
« Je voudrais dire que cet appel pour la réunification de la famille socialiste lancé par mon père et oncle Ousmane Tanor Dieng souffre de trois entorses : de crédibilité, de légitimité et d’objectivité. L’homme qui a lancé cet appel a un sérieux problème de crédibilité de par sa posture, ses choix de conviction ou pseudo-convictions ».
Au moment de cet échange peu amical, le Parti socialiste est déchiré. Ousmane Tanor Dieng est resté proche du président Macky Sall. Dias, lui, est indéfectiblement proche du maire déchu de Dakar, Khalifa Sall.
Impossible pour le maire de Mermoz-Sacré-Coeur de transiger avec le président. « Macky Sall est arrivé au pouvoir en 2012 porté par une coalition et un certain nombre de promesses, explique Ibrahima Kane.
Alliance avec Ousmane Sonko
Au soir de sa convocation devant la justice et les manifestations qui l’ont accompagnée le 10 novembre, Barthélémy Dias n’a pas manqué de partager les photos de son « arrestation » aux côtés d’une autre jeune figure de la vie politique sénégalaise, Ousmane Sonko.
Barthélémy Dias, tout comme son ami Khalifa Sall, a rallié la coalition Yewwi askan wi lancée en septembre dernier par Sonko.
L’objectif est de faire des élections municipales de janvier 2022 un premier round de la présidentielle 2024. Question, le caractère éruptif et manifestement ambitieux de Dias ne risque-t-il pas de se sentir à l’étroit auprès de l’autre jeune loup qu’est Ousmane Sonko ? Ibrahima Kane tempère : « Au Sénégal, nous avons l’habitude des coalitions. Depuis les années 70, on sait qu’on ne peut pas diriger tout seul, sans alliances. En outre, les deux hommes partagent le souci de ne pas voir Macky Sall triompher ».
Wikipédia relève que Barthélémy Toye Dias, ne suit pas la même orientation politique que son père, Jean-Paul Dias, ancien du Parti démocratique sénégalais de Abdoulaye Wade et secrétaire général du Bloc des Centristes Gaindé.

En 2017, des poursuites judiciaires sont engagées contre le leadeur socialiste et maire de Dakar, Khalifa Sall Il est accusé de détournement de fonds publics. Le verdict du procès rendu le 30 mars 2018 le condamne à une peine de cinq ans de prison. Barthélémy Dias demeure fidèle à Khalifa Sall, estimant que sa condamnation est une manœuvre politique pour le rendre inéligible. Il quitte la coalition Benno Bokk Yakaar pour rejoindre les rangs de l’opposition au régime de Macky Sall.

Zeynab Sangaré