Sanoussi DIAKITE, ancien Directeur Général de l’Office National de Formation Professionnelle (ONFP) vient de publier un ouvrage dans lequel l’inventeur de la machine à Fonio a traité 16 thèmes. Dans la première partie, il est revenu sur la formation professionnelle dans les politiques publique en dépit des options affichées.
« L’importance de la formation professionnelle est clamée partout et dans tout. La volonté politique est bien affichée par les plus hautes autorités du Sénégal. De 2000 à 2020, le pays a réalisé des progrès importants en matière de formation professionnelle et technique. Le budget alloué au ministère en charge de ce secteur est passé de 4, 492 milliards F CFA en 2001 à 58, 804 milliards F CFA en 2020 soit une augmentation de 54, 312 milliards en valeur absolue sur 20 ans et une moyenne de 2, 715 milliards f CFA par an d’effort financier de l’état. Sur la même période, le nombre d’établissements publics est passé de 54 à 119 », a t-il révélé
Pour Sanoussi DIAKITE la reforme lancée à l’issue des premières assises nationales sur l’enseignement technique et la formation professionnelle tenues en mars 2001, installe de nouveaux paradigmes comme l’approche par compétences, le partenariat public-privé, la prise en charge de l’apprentissage traditionnel dans le dispositif global de formation. « En 2015, une loi d’orientation de la formation professionnelle a été votée, pour la première fois au Sénégal et depuis 2005, un ministère de plein exercice s’occupe de la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière de formation professionnelle. Il est donc indéniable que des efforts importants sont consentis pour le renforcement de la formation professionnelle », a t-il plaidé.
A en croire toujours M. Diakité, « les statistiques indiquent que 200 000 nouveaux demandeurs d’emploi arrivent sur le marché du travail chaque année. Les données montrent toutefois que le nombre de qualifiés parmi eux est très faible, avec, par conséquent, très peu de chance de trouver un emploi décent. »
L’auteur Leadership de la Formation Professionnelle a fait des révélations sur le taux de chômage des diplômés du supérieur. « Le nombre de diplômés de la formation professionnelle et technique n’atteint pas 10 000 récipiendaires par année alors que, paradoxalement, selon l’étude de la Banque Mondiale PAD3037, 2018 « les personnes possédant un diplôme d’EFTP sont 74 % plus susceptibles d’avoir un emploi que celles ayant une formation générale ». Le taux de chômage des diplômés du supérieur reste élevé, voire en croissance (16% en 2005, 31 % en 2011) même si ces diplômés ne représentent que 6 % des demandeurs d’emploi (ICEJA, 2014). Ceci montre que les résultats sont loin d’être à la hauteur de l’ampleur et de l’enjeu du problème.
Il faudrait certes, poursuivre les efforts pour créer encore plus de centres de formation professionnelle, allouer plus de budget pour renforcer le dispositif et consolider les acquis de la réforme engagée depuis 2001 mais il est tout aussi important, à la fois, de développer un leadership ou un rôle catalyseur de la formation professionnelle dans le système de travail et dans la promotion de l’emploi et d’introduire par cette posture, des approches et des méthodes novatrices d’accélération des résultats et d’amplification de l’impact sur les problématiques adressées, sans remettre en cause les orientations politiques. »