Les affrontements de ce vendredi auraient fait trois morts à Dakar et dans le Sud du pays. Un bilan macabre dû largement à l’entêtement des leaders politiques à s’affronter, le tout dans la perspective de la présidentielle de 2024. Car, l’enjeu est loin d’être seulement les législatives.


Yewwi avec un de ses leaders Ousmane Sonko avait en tête l’idée de mettre la barre des sanctions très haut afin de créer le déclic psychologique pouvant empêcher toute velléité de troisième candidature de la part du régime en place. C’était tout l’enjeu de la démarche.
Mais, dans cette confrontation, on a noté que le rubicond a été franchi. Car, non seulement il y a eu mort d’hommes, ce qui est gravissime, mais l’instrumentalisation ethnique a aussi été notée.

En effet, à en croire certains responsables de Pastef, les autorités publiques et les forces de l’ordre n’auraient pas la même attitude envers les manifestants de Dakar et du Sud. Car, dans cette partie du pays, elles auraient usé de balles réelles alors qu’à Dakar, les lacrymogènes ont été utilisées. Un argumentaire qui laisse penser à ces hommes politiques, qu’il y aurait une discrimination entre le Nord et le Sud et que le régime en place instrumentalise l’ethnie et encourage le régionalisme. Ce que bien sûr, de hauts cadres de Benno réfutent avec véhémence en arguant que c’est depuis la mise en place du parti Pastef que l’on a commencé à noter, au Sénégal, aux particularismes.

C’est clair que les deux camps se rejettent la responsabilité de cette tendance, en politique au Sénégal, d’instrumentaliser l’ethnie et parfois même la religion. Qu’importe les auteurs et les responsables. Il nous semble que la situation est suffisamment grave pour que l’on ne se pait pas le luxe d’utiliser l’appartenance ethnique ou religieuse à des fins politiques. Malheureusement, dans son désir de rester au pouvoir ou d’être élu, l’homme politique a tendance à ne reculer devant rien. Il est souvent prêt à utiliser aussi bien les moyens conventionnels que non-conventionnels pour se maintenir au pouvoir. Et ils ne vont pas reculer dans cet objectif.

D’ailleurs, d’ici 2024, il ne faut pas s’étonner de voir se reproduire des situations préoccupantes de confrontation politique. C’est pourquoi, il serait important que nos institutions ne fléchissent pas. Il faut que maintenir la stabilité du pays, sa cohésion et éviter les situations de chaos. Mais, les leviers de régulation que sont la presse, les religieux, les organisations de la société civile ne doivent jamais entrer dans le jeu partisan ou prêcher pour une chapelle. Car, tant que la majorité des sénégalais n’adhère pas à une démarche, celle-ci ne pourra pas prospérer. Et pour le moment, nous avons choisi la voie des urnes pour installer quelqu’un sur le fauteuil présidentiel et ceci dans le strict respect des dispositions légales et réglementaires. Que ceux qui prônent la violence sachent qu’ils ont plus à en perdre qu’à en gagner. Et que le sénégalais est fondamentalement un homme de paix. Par conséquent, toute démarche de violence devra être bannie parce que contre-productive. 

A contrario, il ne faut pas que l’usage abusif de la ruse, que des hommes et des femmes soient empêcher de participer aux élections. C’est pourquoi, il ne doit jamais y avoir, dans notre pays, une rupture du dialogue politique. Que ce soit un dialogue officiel ou un dialogue officieux. Il faut toujours trouver des canaux pour se parler, discuter et privilégier, à tout temps, l’intérêt supérieur du Sénégal sur les intérêts partisans.


Il est important de se rappeler que ce sont les questions électorales et l’instrumentalisation des ethnies et de la religion qui ont malheureusement semé le trouble dans la plupart des pays africains.
Et c’est dommage que c’est seulement maintenant que nous avons des leaders politiques qui pensent qu’ils peuvent en user et en abuser.

Assane Samb