Le président de l’Union africaine, le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, a minimisé jeudi comme une « maladresse » le fait que la junte malienne n’ait pas attendu la fin de négociations avec ses voisins ouest-africains pour fixer l’échéance d’un retour des civils au pouvoir.
Le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta, a signé lundi un décret stipulant que les militaires gouverneraient jusqu’en mars 2024 avant de rendre le pouvoir aux civils à l’issue de cette période dite de transition.
Ce décret a été rendu public alors que la junte et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) étaient toujours en discussion sur la durée de la transition.
La Cédéao, dont le président sénégalais est un acteur de poids, s’était réunie samedi et avait reporté à un nouveau sommet le 3 juillet toute décision sur le maintien ou la levée des sévères sanctions commerciales et financières imposées le 9 janvier au Mali pour presser la junte de céder la place plus rapidement qu’elle ne l’entendait alors.
Le président sénégalais a indiqué que la durée de 24 mois à partir de mars 2022, comme retenue dans le décret de la junte, était un compromis en cours de discussion et avait même été soumis, assorti de conditions, aux dirigeants ouest-africains samedi par le médiateur de l’organisation. La Cédéao réclame un calendrier détaillé des étapes menant à la tenue d’élections, a-t-il dit.
« C’était maladroit, après ça, qu’ils publient » le décret, a dit M. Sall dans un entretien avec les médias français France 24 et RFI.
« Je ne pense pas qu’ils se moquent de nous. Il y a des maladresses peut-être », a-t-il insisté.
Les dirigeants ouest-africains ont demandé au médiateur qui a soumis la proposition, Goodluck Jonathan, de mettre à profit les semaines à venir avec ses interlocuteurs maliens « pour remplir la feuille de route, qu’on ait très précisément les différents engagements et les échéances », a dit M. Sall.
« A ce moment(-là), le 3 juillet, nous pourrons valablement délibérer sur la levée ou pas des sanctions », a-t-il dit.
La Cédéao fait pression depuis la prise du pouvoir par les militaires en août 2020 pour un retour rapide des civils à la tête de ce pays plongé depuis 2012 dans une profonde crise sécuritaire et politique.