15 mai 1993, Me Babacar Sèye, vice-président du Conseil constitutionnel du Sénégal a été assassiné sur la corniche ouest de Dakar, à bord de son véhicule. C’était à la veille de la publication des résultats de l’élection législative de 1993. Un drame qui avait suscité de nombreuses polémiques. Plusieurs personnes avaient été arrêtées, suite à cet assassinat dont le mobile semble être politique. 29 ans après, le Cinéaste Moussa Sène Absa a réalisé un film documentaire sur cette affaire en l’intitulant «L’affaire Me Sèye, le festin des vautours». Un film de Tambouri production en association avec Set Bet Set Productions, qui est passé sur Itv et dont nous vous proposons quelques extraits.
Me Moussa Felix Sow : «L’enquête a été bâclée…»
«Devant la chambre d’accusation, nous avions demandé à l’époque un supplément d’information. Et la chambre ne nous avait pas suivis, tout en disant que c’était utile pour mieux éclairer le tribunal, mais compte tenu du fait que le dossier était très avancé, la chambre a voulu renvoyer devant la cour d’assise. Devant cette même Cour d’Assise, nous avons dit, nous allons présenter une nouvelle requête. Et cette nouvelle requête demandait une expertise, d’abord balistique. Parce que lorsque vous voyez la direction des balles sur le véhicule, vous vous posez beaucoup de questions. Ensuite une expertise de la voiture même et une reconstitution des faits. Parce que nous savions, à l’époque, que quand il y a eu l’assassinat de maître Babacar Sèye, c’est à la télévision qu’on nous a montré la balle qui l’a tué. Il y avait déjà une anomalie. Une affaire aussi grave, on ne peut pas prendre une balle et l’exhibée. A l’époque, c’était le ministre de l’intérieur qui l’avait fait. Premier couac !
Deuxième chose qui était bizarre, les habits qu’il portait n’ont pas été scellés. Ces habits ont été remis à la famille. Et chose bizarre, c’est un caftan qu’il portait, des renseignements qui m’avaient été donné, l’habit était déchiré derrière. C’est comme s’il y’a eu empoignade. On s’est posé la question de savoir est- ce qu’il n’a pas été tué ailleurs, pour qu’on le mette dans un véhicule, pour assurer une simulation.
Et l’on s’est posé la question, est-ce que la balle qui est partie, n’est pas partie comme dans la bagarre. C’est une thèse possible !