Il y a deux mois, le président de la République, Macky Sall, avait engagé les forces de défense et de sécurité dans la lutte contre le trafic illicite de bois en Casamance. Cette offensive militaire de grande ampleur est en passe de porter ses fruits. En effet, l’Armée a non seulement démantelé toutes les bases rebelles mais encore a totalement anéanti le business mafieux autour du bois dans le sud du pays. Pour preuve, la plus grande scierie implantée en Gambie et appartenant au chef rebelle Salif Sadio tourne au ralenti, faute de bois…



Le président de la République Macky Sall, chef suprême des Armées, ne savait pas si bien faire en prenant à bras le corps la lutte contre le trafic illicite de bois en Casamance. Et précisément dans le Nord-Sindian où toutes les bases de malfaiteurs et replis de voyous appartenant au chef rebelle Salif Sadio ont été démantelés par l’Armée.

En faisant pulvériser ces zones rebelles, le président de la République en a profité pour mettre un coup d’arrêt à l’industrie forestière. De Banjul, « Le Témoin » quotidien a appris que les forces sénégalaises de défense et de sécurité ont complètement anéanti l’industrie forestière qui génère chaque année des dizaines de milliards cfa de retombées au profit de l’économie gambienne. Preuve par le témoignage de cet ancien transporteur de bois.

« L’une des plus grandes scieries implantées en Gambie appartenant au chef rebelle Salif Sadio et dirigée par ses frères et beaux-frères tourne au ralenti. Mais elle n’est pas encore à l’arrêt ! Toutefois, si la situation actuelle se poursuit elle ne devrait pas tarder à fermer ses portes car toutes les pistes sur l’axe Casamance-Banjul par lesquelles transitait le bois coupé en Casamance sont coupées par la présence des forces armées sénégalaises » nous confie M. Nj un ancien conducteur d’engin forestier et ex-employé de la scierie appartenant à Salif Sadio, l’un des chefs rebelles du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc).

« Si le hasard faisait que vous veniez dans les villages gambiens frontaliers avec le Nord-Sindian, vous constateriez vousmême qu’il n’ y a pratiquement plus de mouvements de camions qui acheminent nuitamment le bois du Sénégal vers les différentes scieries situées dans les quartiers et villages de Abuko, Brikama, Limane Oulampane et Djirou. Parmi ces scieries, celle de Salif Sadio » indique notre interlocuteur
D’après nos sources à Banjul, Salif Sadio était pratiquement le « ministre » de l’Environnement qui délivrait tous les permis de coupe. Et les rares trafiquants, coupeurs et transporteurs de bois illicite qui s’aventuraient dans la zone sans l’autorisation du « Mdfc » le faisaient à leurs risques et périls.

Mieux, les permis de « ventes de coupe » et « reventes de coupe » constituaient le business permis le plus prisé par les hommes d’affaires gambiens. De précieux sésames qui, des années durant, ouvraient la voie à une exploitation sans limites de la forêt casamançaise. Au fil des ans, nous confie-t-on, le réseau de complices et de facilitateurs des sociétés chinoises, indiennes et anglaises de négoce du bois s’est développé très rapidement avec la complicité de l’Etat gambien.

Car ce trafic a permis à beaucoup de responsables des douanes gambiennes et dirigeants de la Gambia Ports Authority (Gpa) de s’enrichir pour avoir fermé les yeux sur les opérations d’exportation de bois sénégalais vers le reste du monde, principalement la Chine. En effet, derrière ce business du bois, il n’y avait pas seulement des trafiquants en col blanc puisque des bandes armées y ont trouvé un filon pour financer leur cause perdue.

La nature a horreur du vide…militaire

Donc l’histoire semble donner raison à l’ancien ministre de l’environnement Aly Haidar lorsqu’il dénonçait les pratiques mafieuses et la complicité des autorités gambiennes dans le pillage des forêts du sud de notre pays

« Ces gens qui sont nos voisins (Ndlr : Gambiens) tiennent de beaux discours et font de belles promesses. Ils disent qu’ils vont arrêter. Mais en réalité, ils ne le font pas. Tous les jours, nous voyons des trafiquants de bois. Avec des images que j’ai fait filmer par un drone, on voit des centaines de milliers de troncs pillés, coupés et transportés vers la Gambie. Et la plupart des commanditaires sont des hommes d’affaires et négociants chinois installés en Gambie » dénonçait Aly Haïdar.

Malheureusement, le gouvernement sénégalais ne met pas les moyens qu’il faut pour surveiller la Gambie et surtout le Médina-Yorofoula » se désolait notre écologiste sur Rfi avant de jurer que si l’Etat n’intervient pas, cette zone de la Casamance deviendra un désert. Heureusement que nous n’en serons pas là ! Mais il s’en est fallu de peu…

Fort heureusement, cette mafia du bois n’est plus qu’un mauvais souvenir. Le fait que ses activités tournent au ralenti prouve le succès de l’opération militaire ordonnée par le président de la République et dont l’objectif premier était le démantèlement des bases du chef rebelle Salif Sadio. Et l’Armée ne compte pas s’en arrêter là, nous dit-on !
Parce que ces villages et forêts du Nord-Sindian, considérés comme des carrefours du commerce illicite de bois, sont actuellement occupés par nos braves soldats. Qui savent plus que quiconque que la nature a horreur du vide…militaire.