De nombreux pays sanctionnent les fournisseurs russes d’énergie depuis l’invasion de l’Ukraine. Vladimir Poutine tente d’échapper aux mesures de répression. Vladimir Poutine a accusé, jeudi 14 avril, les Européens de « déstabiliser le marché » en voulant se passer d’hydrocarbures russes et a annoncé vouloir réorienter les exportations énergétiques russes de l’Europe vers l’Asie. « On va partir du principe qu’à l’avenir les livraisons vers l’ouest vont baisser », a dit le président russe au cours d’une réunion gouvernementale consacrée au secteur de l’énergie dans le contexte des sanctions internationales. Il faut donc « réorienter nos exportations vers les marchés au Sud et de l’Est qui croissent rapidement », a-t-il ajouté. « Les pays européens parlent constamment de se passer des approvisionnements russes et, en faisant cela, ils déstabilisent le marché et font monter les prix », a accusé le président russe.
« Les tentatives des pays occidentaux d’évincer les fournisseurs russes, de remplacer nos ressources énergétiques par des approvisionnements alternatifs affecteront inévitablement l’ensemble de l’économie mondiale », a mis en garde Vladimir Poutine, assurant que « les conséquences d’une telle démarche peuvent devenir très douloureuses, et d’abord pour les initiateurs d’une telle politique ». Il a déclaré qu’une nouvelle stratégie énergétique à horizon 2050 devait être approuvée d’ici au 15 septembre et qu’un plan de développement d’infrastructures d’exportation d’hydrocarbures devait être prêt d’ici au 1er juin.
« Il est nécessaire d’accélérer la mise en œuvre des projets d’infrastructures, ferroviaires, de pipelines, portuaires, qui permettront dans les années à venir de rediriger les approvisionnements en pétrole et en gaz de l’Ouest » vers ces nouvelles destinations, a ajouté Vladimir Poutine, citant, en plus « du Sud et de l’Est », les pays d’Afrique, d’Amérique latine et de la région Asie-Pacifique. Le président a également chargé le gouvernement de plancher avec les entreprises sur des façons de remplacer par des technologies locales les « produits, machines et équipements » étrangers importés essentiels à ces secteurs et dont ils se trouvent privés.
Une stratégie pour contourner les embargos
Cet appel du président russe à développer de nouveaux débouchés pour les énergies fossiles russes – un « virage vers l’Asie » et surtout la Chine entamé il y a plusieurs années – survient à un moment où les Européens envisagent d’élargir leurs sanctions aux hydrocarbures en provenance de Russie en réaction à son intervention militaire en Ukraine. Le pétrole et le gaz russes qui continuent de couler vers l’Europe – leur premier marché – assurent d’importants revenus à Moscou. Un embargo éventuel sur le gaz russe fait l’objet d’âpres discussions entre les États membres de l’UE, l’Allemagne étant l’un des principaux opposants à un arrêt immédiat de ces importations, dont elle est très dépendante. L’UE, les États-Unis et le Japon ont annoncé un embargo sur le charbon russe et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dit qu’elle proposerait l’objectif d’une indépendance de l’UE envers les énergies fossiles russes d’ici à 2027.