Le pays est déserté, les transports routiers ont totalement paralysés hier. La fluidité de la circulation dans les principaux axes de la capitale qui étaient d’habitude bouchés était la preuve du succès de la grève déclenchée par 14 organisations regroupées au sein du Cadre unitaire des syndicats des transports routiers du Sénégal (Custrs). Les transporteurs protestent contre «les tracasseries» des forces de l’ordre et la concurrence déloyale que leur livre le transport clandestin.
A Dakar, seuls quelques bus de la société pu- blique de transports «Dakar Dem Dikk» ont circulé. Les taxis, les cars « Ndiaga Ndiaye » et autres bus Tata assurant la desserte entre le centre-ville et les banlieues étaient à l’arrêt. Le mot d’ordre était largement suivi par les transporteurs qui avaient donné l’ordre à leurs camarades de laisser les véhicules dans les garages. C’est pourquoi ils étaient innombrables, les passagers qui attendaient un hypothétique moyen de transport qui se faisait aux arrêts de bus ou de cars rapides. Aussi bien à Dakar que dans les régions, la grève des transporteurs a empêché les usagers de vaquer à leurs occupations. Nombreuses sont les sociétés et autres lieux de travail qui n’arrivaient pas à fonctionner du fait du retard ou de l’absence ! des travailleurs. Le long des routes, le spectacle était désolant. Des femmes, récipients sur la tête, leur enfant sur le dos, marchaient sur les trottoirs qui, pour aller au marché qui pour re rendre en ville ou simplement rendre visite à des connaissances ou assister à des cérémonies. Beaucoup d’élèves avaient décidé, faute de moyen de transport, d’arpenter les routes pour aller à l’école. Rares sont les particuliers qui acceptaient de s’arrêter pour prendre quelques passagers dans leur véhicule. Beaucoup prenaient le prétexte de l’insécurité galopante pour refuser d’embarquer des auto-stoppeurs. Les quelques véhicules clandos qui essayaient de prendre des clients ont subi la furie des grévistes. Au niveau de la grande gare routière des Baux maraîchers, aucun véhicule n’a pris le départ pour aller dans les régions. « J’étais partie au niveau de la gare des baux maraîchers pour envoyer un colis à Kolda, mais les apprentis m’ont dit que les véhicules sont à l’arrêt pour 48 heures à cause de la grève ». Peste cet usager.
Éducation: les établissements scolaires suspendent les cours
Dans beaucoup d’établissements scolaires du privé comme du public, l’administration a décidé de suspendre les cours ce jeudi pour épargner un calvaire aux élèves mais aussi à leurs enseignants. Sans oublier, bien sûr, le personnel administratif. Avec cette journée d’enfer qu’elles ont connue hier, les populations prient pour que transporteurs et Etat trouvent vite une solution. Les syndi- cats de travailleurs du secteur des transports de voyageurs ont déposé des revendications en 10 points pour réclamer la fin «des tracasseries par la police, la douane, la gendarmerie et le service des Eaux et forêts, les arrestations de chauffeurs» et protester contre les ‘’conducteurs clandestins» qui concurrencent les transporteurs légaux, a déclaré à la presse Gora Khouma, un des responsables du Cadre unitaire. «Nous n’avons pas déclenché cette grève pour fatiguer la population mais pour régler nos problèmes. Depuis des années, nous signons avec le gouvernement des accords qui ne sont pas respectés», a-t-il ajouté. Invité du JT de 20h de la RTS, le directeur des Transports, Cheikh Oumar Gaye, a révélé que le Gouvernement avait ouvert des négociations avec les transporteurs ce mercredi. Les ministres des Transports terrestres, Mansour Faye, des Forces Armées, Me Sidiki Kaba, de l’Intérieur, Félix Antoine Diome re- joints après par le ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, discutaient sur la plateforme revendicative de 10 points du Cadre unitaire des syndicats des transports routiers du Sénégal (Custrs). Dont le mouvement de grève a été très largement suivi au point de paralyser tout le pays hier…
Motos « Jakarta » et calèches dictent leur loi
Le malheur des uns faisant le bonheur des
autres, les conducteurs de motos Jakarta et de calèches se sont frottés les mains. Pour se déplacer de la banlieue à Dakar, les « jakartamen » ont eu la main lourde. En effet, ces conducteurs de motos Jakarta facturaient aux usagers la somme de 2500 FCFA ou plus. « Les transporteurs doivent continuer la grève, car aujourd’hui j’ai fait plusieurs allers et retours entre le centre-ville et Diamaguène. J’ai gagné en une journée mes recettes d’une semaine », a révélé Moustapha un conducteur de moto, tout sourire. De même, les charretiers, comme lors des périodes d’inondations, ont trouvé leur compte dans cette grève. Leurs calèches ont remplacé les transports en commun au niveau des rues de Dakar se permettant d’aller même dans des lieux qui leur sont interdits en temps normal.