Aussi longtemps que l’on peut s’en souvenir, la violence a toujours été présente dans les activités politiques au Sénégal depuis l’assassinat de Demba Diop en février 1967 jusqu’à maintenant.
Mais, c’est souvent d’une façon résiduelle et circonscrite et non systémique. Même s’il y a eu des morts en 2011 du fait des manifestations liées à la troisième candidature de Me Wade, il n’en demeure pas que les alternances au Sénégal se sont faites d’une façon tout à fait pacifique.
Aujourd’hui, pour un oui ou pour non, les gens versent dans la violence. Et cette donne n’est pas propre à l’espace politique. Il en est ainsi à l’université de Dakar et partout ailleurs dans le pays où beau- coup de gens pensent que l’on peut régler les problèmes par la violence. Or, la violence, n’est pas un mode de règlement des problèmes. Et c’est encore moins une stratégie politique. Ce qui s’est passé à Ziguinchor entre les partisans d’Ousmane Sonko et de Doudou Kâ n’est pas de bon augure pour les prochaines locales. Des élections, qui, d’emblée et partout dans le pays, suscitent beaucoup de passion. Car, non seulement cela fait longtemps qu’il n’y a pas d’élections au Sénégal, mais ces locales ne cessaient d’être reportées depuis 2019.
Il s’y ajoute le fait qu’il y a un reconfiguration politique avec l’effritement du Parti démocratique sénégalais (pds), le départ de Rewmi qui quitte l’opposition pour la majorité et la naissance de forces politiques nouvelles et l’émergence subséquente de nouveaux leaders. Un cocktail explosif auquel s’ajoute le fait que chaque état-major politique souhaite, aujourd’hui, savoir ce qu’il pèse vraiment. Nous n’avons pas de sondage en la matière et seules des élections permettent d’en avoir une idée nette.
Qui plus est, ces élections sont perçues comme une sorte de primaire parce que permettant, aux différents partis et mouve- ments politiques, de savoir ce qu’il pèsent réellement.
Une victoire ou une défaite lors de ces élections donnera une idée nette de ce que seront les résultats lors des législatives et de la présidentielle.
C’est pour toutes ces raisons que les différents camps politiques ne badinent pas avec ces locales et y attachent une importance particulière.
Malheureusement, cela donne lieu à toutes sortes de tension. Et des blessés sont déjà enregistrés à Ziguinchor alors qu’il n’y a ni précampagne ni campagne. Et les sénégalais de se demander alors ce qu’il sera de la campagne à venir en termes de stabilité du pays et de préservation de la sécurité et de l’ordre publics ? Il faudra rappeler aux leaders politiques qu’ils ont une responsabilité particulière par rapport au fait qu’ils doivent éviter toute apologie de la violence. Mieux, ils ont le devoir d’encadrer, de former et de sensibiliser militants et sympathisants, ce qui est, du reste, une de leurs missions régaliennes. Malheureusement, beaucoup de partis se passent allégrement de toute forme de référence idéologique et ceux qui en ont, n’en ont cure, dans la pratique de tous les jours.
Or, on ne peut pas gérer autant de monde, sans soubassement idéologique, programmatique, sans référence doctrinale, philosophique, économique et culturelle. Comme quoi, il faudra revenir à l’école du parti et pousser ses militants à se former, ne serait-ce qu’à la politique, à la chose électorale et la gestion de la cité.
Car, c’est parce que l’on est aujourd’hui trop pressé de garder le pouvoir ou d’y accéder que l’on foule du pied les fondamentaux de base. Pourtant, tout un chacun doit savoir qu’un parti ou un mouvement politique n’est pas une écurie de lutte. On y aspire à diriger le pouvoir central et les pouvoirs locaux. Donc, on doit pouvoir réfléchir ensemble sur l’homme, la cité, le monde, l’avenir, l’existence et l’essence.
Ce n’est guère une perte de temps.
C’est parce que l’on néglige cela et que l’on ne se soucie que de vaincre, que les réflexes de- viennent ceux des gladiateurs avec toujours la violence en toile de fond.