Mardi 5 octobre, Jean-Marc Sauvé va rendre son rapport explosif sur la pédophilie dans l’Église. Les évêques parlent déjà de chiffres effroyables.
Le rapport tant attendu sur les actes pédophiles commis par des religieux catholiques sera rendu public mardi 5 octobre dans la matinée. Pour le réaliser, Jean-Marc Sauvé s’est entouré de 12 hommes et 10 femmes de professions différentes : anthropologues, sociologues, psychologues, médecins ou encore magistrats. Leur mission était de recenser les abus sexuels dans l’Église et d’en comprendre les mécanismes.
« Pour faire la lumière, il faut d’abord que les victimes puissent dire ce qui leur est arrivé« , explique Jean-Marc Sauvé. Au total, il y a eu près de 6.500 réponses à l’appel à témoignage et 250 victimes ont été longuement auditionnées.
Dont Agnès qui raconte ce qui lui est arrivé dans un pensionnat à l’âge de huit ans. « Quand la lumière était fermée, il y a avait une religieuse plus âgée qui montait et s’asseyait à côté de moi et elle mettait la main sous les draps » témoigne-t-elle. « Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait », ajoute Agnès. Comme pour elle, beaucoup de victimes sont restées murées dans le silence pendant presque 50 ans.
Plongée dans les archives
Un énorme travail d’archives a aussi été mené, notamment dans les archives nationales de l’Église situées à Issy-les-Moulineaux. Philippe Portier, sociologue et historien, a exploré les archives du Secours sacerdotal, une association qui intervenait sur les cas douloureux comme on disait à l’époque. « Dans ces dossiers, il y a des feuillets qui concernent des cas douloureux, des prêtres alcooliques […] et, de temps à autre, un dossier qui concerne un prêtre pédophile« .
Ce travail de fourmi s’est prolongé dans les archives de 35 diocèses et de 17 congrégations. Au moins 3.000 prêtres ou religieux qui étaient des abuseurs sexuels ont été identifiés. Le nombre de victimes sera, quant à lui, dévoilé mardi 5 octobre, en même temps qu’une enquête scientifique importante et inédite menée par l’Inserm et l’Ifop dans la population générale. Cela devrait permettre de mesurer l’ampleur de ce qui s’est passé dans l’Église par rapport aux violences sexuelles sur mineurs commises sur la même période dans le reste de la société.