La France attend toujours des réponses pour ses demandes d’autorisations définitives.
Dans deux jours, les licences provisoires permettant aux pêcheurs français d’exercer leur activité dans les eaux anglo-normandes arriveront à expiration. La France a formulé auprès du Royaume-Uni de nombreuses demandes d’autorisations définitives cette fois : 169 à Jersey, 168 à Guernesey et 87 dans la zone des 6 à 12 milles au large des côtes britanniques. Pour l’instant, Paris est sans réponse.
« Toutes nos demandes sont justifiées », a-t-on indiqué lundi au ministère français de la Mer qui prévient que sa « riposte sera proportionnelle à l’offre britannique ». Les pêcheurs français plaident pour des mesures de rétorsion immédiates : interdire aux bateaux anglais de débarquer, réduire la coopération économique ou universitaire avec les îles anglo-normandes. Paris dit « étudier » le sujet, avec Bruxelles en arbitre.
« A ce jeu-là, ça va mal se terminer »
Olivier Le Nezet, président du comité régional des pêches de Bretagne se dit prêt, tout comme son collègue de Normandie, à jouer des muscles, « puisqu’il n’y a que cela que les Anglais comprennent ». « A ce jeu-là, ça va mal se terminer », redoute-t-il, fatigué à l’idée « d’aller faire le siège de Jersey tous les quatre-cinq mois ».
Début mai, des dizaines de bateaux de pêcheurs normands et bretons s’étaient massés dans le port de Saint-Hélier à Jersey pour défendre leur droit de continuer à pêcher dans ces eaux, provoquant l’envoi par Londres de deux patrouilleurs pendant quelques heures.
Trois zones de tensions
Dans la zone poissonneuse des 6 à 12 milles des côtes britanniques, qui s’étend du sud de la Mer du Nord au pays de Galles, l’accord européen prévoit un accès garanti aux navires qui s’y rendaient déjà pendant la période de référence 2012-2016. Il leur faut toutefois demander de nouvelles licences à Londres. Les pêcheurs français ont obtenu 88 autorisations définitives, mais attendent toujours une réponse pour 87 navires. Ces derniers, en attendant, n’ont aucune autorisation, même provisoire, de pêcher dans cette zone.
La zone des îles anglo-normandes, Jersey et Guernesey, est l’objet des plus âpres discussions. Chaque bateau doit justifier d’au moins onze jours de pêche entre le 1er février 2017 et le 30 janvier 2020. A Guernesey, seules des licences provisoires ont été accordées à 168 navires et 64 demandes sont en attente, dont 46 pour des bateaux de 12 mètres et plus.
A Jersey, la France a obtenu 47 autorisations définitives et 169 licences provisoires. Paris demande des autorisations définitives pour ces 169 navires, tous de moins de 12 mètres. Les autorités de l’île ont établi une date butoir pour les négociations, aujourd’hui fixée au 30 septembre. Elles sont prêtes à repousser à nouveau ce délai au 31 janvier pour ceux qui auraient encore des justificatifs à fournir. Une hypothèse « inacceptable » pour les pêcheurs français, qui affirment avoir « tout donné » pour les petits bateaux non équipés en système de géolocalisation : journal de pêche, cartes des trajets transmises lors des sorties, chiffres des ventes etc…