Quand le bâtiment marche dans un pays, tout marche», ont l’habitude de dire les économistes. Paradoxalement au pays de la Teranga, le marché florissant du secteur de l’immobilier intrigue de plus en plus, laissant penser qu’il y a des fonds d’origine douteuse en circulation au Sénégal. Ce boom immobilier qui est sans rapport avec les performances de notre économie fortifie ainsi la thèse du blanchiment d’argent.
Certes plusieurs secteurs d’activités servent de tremplin pour les blanchisseurs mais le secteur de l’immobilier est le plus facile.En effet, il résulte des investigations que nous avons rondement menées que le meilleur moyen pour blanchir l’argent au Sénégal, c’est d’acheter un bien immobilier en prenant le soin d’aller chez un notaire, en payant cash avant de revendre aussitôt. Au finish, on a un bien légal. Ce mode opératoire est bien connu des délinquants financiers qui font ainsi perdre au fisc, plusieurs dizaines de milliards. Cet argent pouvait servir à la construction d’hôpitaux, de dispensaires, d’écoles, de routes… Il y a quelques années de cela, les services secrets américains qui avaient mené une enquête sur le phénomène, avaient conclu, dans un rapport estampillé top secret, à des suspicions de blanchiment d’argent dans le secteur de l’immobilier au Sénégal où les immeubles poussent comme des champignons, sans que ça émeut personne. Idem pour la Centif. En 2018, la Cellule Nationale de Traitement et le groupement des Informations financières avait adressé au Parquet de Dakar plus de 20 dossiers dont les traitements sont restés sans suite à la surprise générale. Le Groupe d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) avait également alerté les États membres dont notre pays, sur cette véritable mafia ayant des ramifications à l’international. Plusieurs personnalités (hommes politiques, hommes d’affaires et même des chefs religieux) ont été épinglés, mais jamais inquiétés. Ces investigations ont toutes conclu que l’immobilier notamment à Dakar et sur la Petite Côte, est devenu au fil des ans, le réceptacle de l’argent sale au Sénégal. En outre, d’autres investigations, notamment au niveau du système bancaire, ont permis de constater qu’en grande partie, les transactions financières dans le secteur, se font en dehors des banques. Or, tout facteur d’opacité en matière financière est facteur potentiel de blanchiment de capitaux illicite.
Siaka NDONG