Au Sénégal, il urge d’avoir un véritable débat sur le foncier. C’est la conviction du coordinateur AG/Jotna du département de Dagana et candidat à la mairie de Mbane, Boubacar Fall. ‘’À cause de nombreux litiges, la stabilité de nos communes est mise en mal. Il faut que l’on réexamine tout dossier en attente d’un traitement.
C’est pourquoi les prises de décisions publiques doivent être basées sur le droit et être motivées par l’intérêt commun’’, a-t-il souligné dans un entretien avec ‘’EnQuête’’. Cette urgence se pose aussi pour les terres du département de Dagana, particulièrement celles de la commune de Mbane. Et pour cause ! La localité est encore secouée par des problèmes fonciers, ces derniers jours.
‘’À l’an 2008, l’ancien PCR de Mbane, Monsieur Doba Siré Diallo, avait attribué 1 700 ha de terres à monsieur Rabih Fakih. Ce lot avait été par la suite réaffecté à une société anglaise, par une lettre adressée à l’ancien PCR, Monsieur Aliou Diack, par M. Rabih Fakih, à la date du 11 octobre 2010. Ce scandale foncier concerne 1 700 hectares de terres que l’opérateur économique Rabih Fakih essaie de reconvertir frauduleusement en bail emphytéotique’’, a-t-il expliqué, brandissant des documents. Cet épisode se renouvelle avec le maire sortant Dembel Sow. ‘’Il veut octroyer les 1 662 ha à la société Swani Agri et 38 ha aux populations pour corrompre les chefs de village. Les 1 700 ha sont bordés à l’est par le village de Mar, à l’ouest par le village de Ndiakhaye et au nord par Diagle’’, a-t-il indiqué.
…Selon Boubacar Fall, Rabih Fakih avait déclaré vouloir construire un centre touristique au bord du lac de Guiers, un des principaux gisements aquacoles et hydriques du Sénégal. ‘’Malheureusement, ce projet n’a jamais vu le jour. À notre grande surprise, l’actuelle équipe municipale s’est réunie pour l’affecter à une autre société du nom de Swani Agri, qui n’a ni anciennes ou nouvelles activités’’, regrette-t-il. ‘’A ma grande surprise, cette entreprise est la même personne que Rabih Fakih, pour tromper l’esprit des populations’’, poursuit M. Fall.
Qui dénonce avec la dernière énergie le fait que ‘’ces terres ne soient pas vendues en suivant le Code domanial en vigueur dans notre pays. Celui-ci interdit à un maire la vente de plus de 5 ha des terres d’une commune’’, fulmine le coordinateur AG/Jotna du département de Dagana. D’après lui, les 1 700 ha cités couvrent le domaine national sur lequel des villages entiers vivent d’agriculture, particulièrement lors de la saison des pluies. Par ailleurs, il relève que le périmètre foncier actuellement occupé par la société Senegindia a englouti ces terres en question. ‘’Au grand dam de la commune de Mbane et des villages environnants, cette entreprise brille par son absence quant à la lutte contre le chômage des jeunes.
Senegindia ne recrute pas localement. C’est dommage !’’, a-t-il regretté. Pire, cet octroi de terres n’a jamais été officialisé devant les chefs des villages impactés, ni devant les populations en présence du Centre d’expansion rurale polyvalent, comme l’exige loi’’, a conclu Boubacar Fall.
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