Journaliste sportif du groupe Emedia Invest, Saikou Seydi donne son avis sur la situation actuelle de fédération sénégalaise de football (FSF) qui est au centre du débat. Mady Touré et Augustin Senghor sont en lice pour diriger cette instance.
Dans toutes ses définitions, unir revient le plus généralement dans la sphère football. Cette expression est bien fondée sur la base de programmes, d’ambitions et de savoir-faire ; mais parfois de copinage, hélas.
Depuis un mois, le Sénégal se barricade pour réduire les conséquences néfastes d’un virus que même les vaccins les plus réputés ne peuvent éliminer. Cette même période, un autre virus apparait dans le football Sénégalais, le consensus.
Consensus pour éviter de perdre toutes les compétences de notre foot, sinon pour donner à chacun sa part du gâteau. Le consensus doit être fondé sur un programme et pas autour d’une personne. C’est malheureusement le cas sur cette affaire qui déchire ‘la famille’ du football Sénégalais.
Après Mady TOURE, sa’AIR SEC maintenant :
Parfois, ce qui est censé unir, divise. Surtout quand en réalité les intérêts crypto-personnels ont pris le dessus sur l’intérêt collectif. Saer SECK claque la porte du consensus, et annonce dans la foulée qu’il quitte également toutes les instances du football, pour se consacrer à son Diambars. Le Sénégal perd l’une des plus grandes personnalités de son football durant cette dernière décennie.
Lieutenant de Me Augustin SENGHOR depuis 2013, Saer est l’un des pionniers de ce football tant chanté par le monde extérieur. A la tête de la ligue Sénégalaise de Football Professionnel, l’homme a beaucoup contribué à l’émergence du championnat professionnel. Il faudra tout de même reconnaitre que tout n’est pas rose, dans sa gestion.
Le foot professionnel a traversé des moments très difficiles. Mais malgré tout, il a toujours été là. A plusieurs reprises, il a fallu l’intervention financière de la FSF pour que la saison de football puisse démarrer.Sans pour autant omettre l’absence desponsor majeur, mais également de diffuseur. En quittant les instances, SECK perd également le beurre et l’argent du beurre. Après tout il doit sa popularité au football. Il a beaucoup fait pour ce sport, mais c’est ce football également qui l’a fait.
Mady signe mais…
C’est le premier candidat déclaré. Premier, sinon le seul à avoir présenté un programme ambitieux aux sénégalais jusque-là. Sauf que Monsieur Touré a apposé sa signature sur un papier qui stipule que le candidat Augustin SENGHOR va diriger le protocole d’Eden Roc (siège du CNOSS), sans pour autant être d’accord sur le profil choisis par ses pairs. Chose que je n’avais jamais comprise, avant que le concerné n’apporte des précisions sur ce que je considère comme une magouille contre le bon devenir du football Sénégalais.
Maintenant qu’il est ingérable, il reçoit des coups de partout. Mady est le candidat le plus constant. De sa déclaration de candidature le 04 janvier 2021 à ce 30 juillet, date à laquelle il s’est retiré officiellement du consensus pour aller aux urnes avec le ‘roi’ SENGHOR, il n’a pas cessé de montrer ses ambitions, accompagnées d’un programme qu’il définit comme étant le remède aux maux du football Sénégalais.
Mais est-ce que c’est un programme ambitieux qui a manqué à notre football ? Non apparemment. Toutes les personnes qui ont faitleur déclaration d’amour à nos instances nous ont vendu du rêve. A m’entendre parler, vous aurez comme l’impression que rien ne va dans notre football. Pourtant si. Il y’a beaucoup d’avancées entre 2008 et aujourd’hui. En termes d’organisation, de régularité dans les compétitions internationales (toutes les catégories) et surtout en logistique, nous nous sommes beaucoup améliorés.Très normal pour une équipe à la tête de ce sport depuis douze ans.
« On ne doit pas confier notre football à un homme sans expérience »
Mais de qui se moque-t-on ? Quand c’est Abdoulaye Seydou Sow fraichement nommé Ministre de l’Urbanisme qui évoque l’inexpérience comme l’un des critères qui font que le Président de l’académie Génération Foot ne peut pas succéder à son candidat Senghor.Monsieur était peut-être ministre sous SENGHOR, sous DIOUF et sousWADE pour avoir l’expérience requise de diriger un ministère aussi important que celui de l’Urbanisme.
L’expérience n’a jamais été un critère pour diriger une quelconque instance, quelle qu’elle soit. Tous les quatre candidats qui s’étaient déclarés au départ ont les compétences requises pour mener ce sport à bon port. S’interroger sur ce que Mady Touré pourrait apporter au foot c’est fermer ses yeux face à ce que l’homme a réalisé en 20 ans, à la tête l’académie numéro 1 au Sénégal. Numéro 1 oui. Au-delà de ses deux titres, l’académie Génération Foot a servi de grenier aux sélections respectives du Sénégal. Avez-vous besoin qu’on vous rappelle que Diafra SAKHO, Sadio MANE,Papiss Demba CISSE, Ismaila SARR, Pape Makhtar SARR, pour ne citer que ceux-là sont formés chez les Grenats. Demandez alors à un habitant de Déni Birane Ndao ce que vaut l’homme qui, grâce à lui, ce village jadis entouré de montagnes est connu partout dans le monde.
Et la presse dans tout ça ?
Les amateurs accusent la presse d’être complice de ce qu’ils traitent de magouilles à la tête du football Sénégalais. Mais, beaucoup oublient les limites du professionnel de l’information face à de pareilles situations. Le rôle premier du journal(iste) c’est d’informer juste et vrai. Parfois alerter et dénoncer si l’occasion lui est offerte. Après chacun est libre, à travers les plateformes de communications, de donner sa position personnelle sur une actualité.
Il y’a toujours des journalistes qui dénoncent et alertent, comme il y’en a qui ont perdu leur liberté de ton en échangent de butin.C’est très simple : quand on dépend de quelqu’un, on défend ce quelqu’un. Malheureusement, beaucoup de mes confrères sont chargés de communication d’un responsable ou d’une structure, et se voient obligés de défendre leurs ‘patrons’.
Mais force est de reconnaitre que l’influence de la presse ne peut pas être conséquente dans les assemblées générales, parce que ce ne sont pas 17 millions de Sénégalais qui vont voter, mais 360 clubs répartis partout dans le pays. Parmi ces 360 votants, seuls 28 viennent du foot professionnel, le reste est du foot amateur qui n’a d’yeux que pour Abdoulaye SOW.
Augustin SENGHOR est bien parti pour un quatrième mandat, dont son objectif premier est de gagner un trophée majeur. La gagne ne se décrète pas, et réunir toutes les parties prenantes du foot ne garantit pas forcément la victoire finale. Jusque-là, le débat sur le football local ne s’est pas pausé. Tout ou presque tourne autour de la sélection A qui, en réalité, sert de vache laitière pour certains responsables.
Ce dont le football Sénégalais a besoin, c’est de gens qui seront à son service et non ceux qui se serviront de ses retombées.Mais on a surtout besoin d’une bonne organisation permettant d’avoir des clubs forts, capables de concurrencer les grands d’Afrique. Des infrastructures sportives et une bonne politique sportive. Mais à l’heure actuelle, cette gestion ressemble plus à du chacun pour soi, Dieu pour quelques-uns qu’autre chose.
Saikou SEYDI, journaliste sportif à Emedia Invest Group!