Au Sénégal, ils sont cinq dans la course à la présidentielle : le président sortant Macky Sall, Idrissa Seck, Madicke Niang, Issa Sall et Ousmane Sonko. A moins d’un mois du scrutin du 24 février, RFI vous présente chaque jour l’un des candidats à la présidentielle. Ce vendredi, portrait d’un routier de la politique sénégalaise qui a débuté sa carrière il y a plus de 30 ans : Idrissa Seck. Il a choisi une stratégie particulière pour cette campagne : le silence.
Dans un pays ou la diatribe est un sport national, le silence d’Idrissa Seck, 59 ans, dont quarante de politique, étonne. Cela fait presque un an qu’Idrissa Seck n’a pas accordé d’interview. Pour « Ndamal Kadior », (le « petit de Thiès ») la priorité c’est le terrain, ses rares déclarations sont donc pour ses partisans.
Parcourir le Sénégal pour essayer de convaincre les électeurs que son heure est venue, la méthode est connue, parfois payante. Pour ses partisans comme l’enseignant Makhfou Faye, la stratégie du terrain, celle de donner la priorité aux électeurs, va payer : « Le silence est d’or. Il a rencontré des milliers et des milliers de Sénégalais. Il est devenu le principal challenger du candidat Macky Sall. »
Depuis des mois, Idrissa Seck réserve donc sa parole à ses soutiens et seules quelques vidéos fuitent sur les réseaux sociaux. Le candidat espère obtenir le soutien des exclus de cette présidentielle, notamment Khalifa Sall, qu’il ira « chercher à la prison s’il est élu », et de Karim Wade, avec qui les échanges se multiplient. Il a obtenu mercredi le ralliement de Malick Gakou.
De la prison à la primature
Il veut rétablir la vérité avec la population. « Moi je n’ai aucune envie d’être le président d’un peuple que je trompe ou qui me trompe. Je ne cours derrière rien du tout. Il faut que ce soit très clair [rires étouffés]. »
En plusieurs décennies de carrière, Idrissa Seck, économiste respecté, a tout connu : Premier ministre d’Abdoulaye Wade à 43 ans, en prison trois ans plus tard durant 199 jours, soupçonné de détournements de fonds publics puis blanchi. Second à la présidentielle de 2007, cinquième en 2012 avec 8% des voix, Idrissa Seck est « fini pour la politique » estiment ses détracteurs car il a laissé passer sa chance car il n’a plus aucun poids. « Idrissa Seck est là depuis très longtemps. Il a raté son coup en 2012. Je ne vois aucune chance pour lui d’être président de la République », dit un Dakarois interrogé.
La campagne électorale débute officiellement ce dimanche. Silencieux, Idrissa Seck va sans aucun doute donner de la voix pour expliquer comment il compte faire chuter Macky Sall, et répéter à nouveau qu’il veut « restaurer la confiance avec le peuple ». Difficile de dire aujourd’hui si le peuple l’a entendu.
rfi